J’ai toujours été frappé par l’extraordinaire harmonie de l’ordonnancement des textes liturgiques d’une même messe qui composent ce qu’on appelle le « propre ». La sagesse qui préside au choix et à la disposition de ces morceaux choisis (presque toujours tirés de l’Écriture Sainte) est bien plus divine qu’humaine. C’est plutôt, à n’en pas douter, l’effet du Saint Esprit à l’oeuvre dans l’Église de Jésus Christ que le génie, pourtant manifeste, des Pontifes et des Saints. Si, selon l’adage célèbre du pape saint Célestin « Lex orandi lex credendi » la règle de la prière établit celle de la Foi, on comprend que l’Église ne fut pas moins assistée de son Maître dans l’ordonnance de la liturgie que dans les définitions dogmatiques. La liturgie est bien ce point culminant de la Tradition Catholique, source de la Révélation… Avis aux apprentis sorciers, de tous les temps et de toutes les latitudes, qui ont prétendu substituer leurs dérisoires élucubrations aux divines mélopées de l’Esprit Saint !
Mon propos sera donc, tout en brassant, malaxant et ruminant les textes les plus sublimes de l’Écriture Sainte, de dégager l’harmonie non moins sublime de leur ordonnance. Ils n’y sont pas juxtaposés mais bien organiques et délivrent ensemble un message, une présence, une communion unique.
Car attention ! La liturgie ne nous délivre pas une idée, une thèse ou même une doctrine. Horresco referens : ce serait la mort immédiate de la liturgie ! La liturgie est une rencontre, un contact, une communion avec le Père de Notre Seigneur Jésus Christ « Per Ipsum, cum Ipso et in Ipso ». C’est TOUT, au sens non restrictif de l’expression mais bien au sens de plénitude. Or la présence de l’être connu et aimé est double : c’est le contact physique de l’Eucharistie dans et par le Sacrifice rédempteur (essentiellement réalisé en l’offertoire et le canon de la messe qui constituent l’ordinaire, dont je ne parlerai pas) et le contact du verbe, avec cette singularité étonnante et surpuissante, propre exclusivement à Jésus Christ Verbe de Dieu, que sa parole et Lui ne font qu’un. La parole de Notre Seigneur est « magique ». Elle ne nous dit pas seulement ce qu’Il pense, elle nous livre directement ce qu’IL est, Lui-même. Comprenne qui pourra : Jésus Christ, et Lui seul, est tout entier en chacune de ses paroles…
Ce « dit » du Verbe que l’Église nous propose en chaque liturgie de la messe compose le propre. Ces textes qui changent chaque fois tandis que la « règle » ou canon est immuable. Ce propre n’est pas monolithique et uniforme mais parfaitement ventilé, organique et tectonique.