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vendredi 22 novembre 2024

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Dans le silence d’une longue retraite, au cours de l’hiver 1952-1953, le fondateur de la communauté écrivit la Règle de Taizé, exprimant pour ses frères « l’essentiel permettant la vie commune ».

Frère Roger

« Depuis ma jeunesse, je pense que jamais ne m’a quitté l’intuition qu’une vie de communauté pouvait être un signe que Dieu est amour, et amour seulement.

Peu à peu montait en moi la conviction qu’il était essentiel de créer une communauté avec des hommes décidés à donner toute leur vie, et qui cherchent à se comprendre et à se réconcilier toujours : une communauté où la bonté du cœur et la simplicité seraient au centre de tout. »
(Frère Roger, Dieu ne peut qu’aimer, p. 40)

Tout a commencé en 1940 lorsque, à l’âge de vingt-cinq ans, frère Roger quitta le pays de sa naissance, la Suisse, pour aller vivre en France, le pays de sa mère. Il avait été immobilisé pendant des années par la tuberculose pulmonaire. Durant cette longue maladie, il avait mûri en lui l’appel à créer une communauté.

Au moment où commença la Seconde Guerre mondiale, il eut la certitude que, comme sa grand-mère l’avait fait pendant la Première Guerre mondiale, il devait sans tarder venir en aide à des gens qui traversaient l’épreuve. Le petit village de Taizé, où il se fixa, était tout proche de la ligne de démarcation qui coupait la France en deux : il était bien situé pour accueillir des réfugiés fuyant la guerre. Des amis de Lyon se mirent à indiquer l’adresse de Taizé à ceux qui avaient besoin d’un refuge.

À Taizé, grâce à un prêt modique, frère Roger acheta une maison, abandonnée depuis des années, avec ses dépendances. Il proposa à l’une de ses sœurs, Geneviève, de venir l’aider à accueillir. Parmi les réfugiés qu’ils hébergèrent, il y eut des juifs. Les moyens matériels étaient pauvres. Sans eau courante, ils allaient chercher l’eau potable au puits du village. La nourriture était modeste, en particulier des soupes faites avec de la farine de maïs achetée à peu de frais au moulin voisin.

Par discrétion vis-à-vis de ceux qu’ils accueillaient, frère Roger priait seul, il allait souvent chanter loin de la maison, dans le bois. Pour que certains des réfugiés, juifs ou agnostiques, ne soient pas gênés, Geneviève expliquait à chacun qu’il valait mieux que ceux qui le voulaient prient seuls dans leur chambre.

Les parents de frère Roger, sachant leur fils et sa sœur exposés, demandèrent à un ami de la famille, officier français à la retraite, de veiller sur eux. En automne 1942, il les avertit que leur activité avait été découverte, et que tous devaient partir sans retard. Jusqu’à la fin de la guerre, c’est donc à Genève que frère Roger a vécu et a commencé une vie commune avec ses premiers frères. Ils purent revenir à Taizé en 1944.

En 1945, un jeune juriste de la région mit sur pied une association pour prendre en charge des enfants que la guerre avait privés de famille. Il proposa aux frères d’en accueillir un certain nombre à Taizé. Une communauté d’hommes ne pouvait pas recevoir des enfants. Alors frère Roger demanda à sa sœur Geneviève de revenir pour s’occuper d’eux et devenir leur mère. Les frères accueillirent aussi le dimanche des prisonniers de guerre allemands internés dans un camp proche de Taizé.

Peu à peu quelques jeunes hommes vinrent rejoindre les premiers frères, et le jour de Pâques 1949, ils étaient sept à s’engager ensemble pour toute l’existence dans le célibat, la vie commune et une grande simplicité de vie.

Dans le silence d’une longue retraite, au cours de l’hiver 1952-1953, le fondateur de la communauté écrivit la Règle de Taizé, exprimant pour ses frères « l’essentiel permettant la vie commune ».