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vendredi 22 novembre 2024

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Officier de cavalerie, explorateur, géographe, moine trappiste, ermite, prêtre, ethnologue... Il est assassiné le 1er décembre 1916 à Tamanrasset, en Algérie . Il est béatifié par le pape Benoit XVI en 2005, et canonisé par le pape François le 15 mai 2022.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

Le 15 mai 2022, Charles de Foucauld est proclamé Saint, par le pape François.


La canonisation de Charles de Foucauld, est l’aboutissement d’un processus qui a démarré il y a 95 ans : Le procès en béatification de Charles de Foucauld  avait débuté en 1927 mais fût interrompu durant la guerre d’Algérie (1954-1962). 

Le procès en béatification reprend ensuite, et Charles de Foucauld est déclaré vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II, puis bienheureux le 13 novembre 2005 par Benoît XVI.

Réédition des célèbres Ecrits spirituels (1924)

Le 15 mai 2022, le Pape François a célèbré la messe de canonisation de neuf bienheureux, dont trois Français, parmi lesquels Charles de Foucauld.

Charles de Foucauld
Charles de Foucauld en 1900 avec son neveu et filleul Charles de Blic

Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) naquit à Strasbourg, en France, le 15 septembre 1858.

Orphelin à six ans, il fut élevé, avec sa soeur Marie, par son grand-père, dont il suivit les déplacements dus à sa carrière militaire.

Adolescent, il s’éloigna de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révéla cependant une volonté forte et constante dans les difficultés.

Charles de Foucauld sous lieutenant

Charles de Foucauld, sous lieutenant au 4è hussards à Pont-à-Mousson

Il entreprit une périlleuse exploration au Maroc (1883-1884). Le témoignage de la foi des musulmans réveilla en lui la question de Dieu:  « Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse ».

De retour en France, touché par l’accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se mit en quête. Guidé par un prêtre, l’abbé Huvelin, il retrouva Dieu en octobre 1886 à l’âge de 28 ans. 

« Aussitôt que je crus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui ».
Charles de foucauld-Croix

Un pèlerinage en Terre Sainte lui révéla sa vocation:  suivre Jésus dans sa vie de Nazareth.

Il passa sept années à la Trappe, d’abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie.

Il vécut ensuite seul dans la prière et l’adoration hébergé par les Clarisses à Nazareth.

Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il partit au Sahara, d’abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, « les plus délaissés, les plus abandonnés ». Il voulait que chacun de ceux qui l’approchaient le considère comme un frère, « le frère universel ».

Il voulait « crier l’Évangile par toute sa vie » dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. 

« Je voudrais être assez bon pour qu’on dise:  Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître? ».

Version AUDIO des « écrits spirituels »

Le soir du 1er décembre 1916, il est assassiné dans son ermitage de Tamanrasset, au coeur du Sahara par une bande qui avait encerclé sa maison. Il a 58 ans.

Sa mort passe inaperçue en France en pleine  première guerre mondiale.

Charles de Foucauld repose depuis le 26 avril 1929 dans un tombeau à El-Goléa, appelé aujourd’hui El Méniaa.

 

Il avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d’autres:  après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette « vie de Nazareth » pouvait être vécue partout et par tous. 

Aujourd’hui, la « famille spirituelle de Charles de Foucauld » comprend plusieurs associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou de prêtres.

Prière d’abandon (1896)

Mon Père,
Je m’abandonne à toi,
Fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi,
Je te remercie.

Je suis prêt à tout, j’accepte tout,
Pourvu que ta volonté
Se fasse en moi,
En toutes tes créatures,
Je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu,
Avec tout l’amour de mon cœur,
Parce que je t’aime,
Et que ce m’est un besoin d’amour
De me donner,
De me remettre entre tes mains sans mesure,
Avec une infinie confiance
Car tu es mon Père.

Nous avons entendu ces paroles que Jésus confie à ses disciples, avant de passer de ce monde au Père, des paroles qui nous disent ce que signifie être chrétiens : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » » (Jn 13, 34). C’est le testament que le Christ nous a laissé, le critère fondamental pour discerner si nous sommes vraiment ses disciples ou non : le commandement de l’amour. Arrêtons-nous sur les deux éléments essentiels de ce commandement : l’amour de Jésus pour nous – comme je vous ai aimés – et l’amour qu’il nous demande de vivre – aimez-vous les uns les autres.

 

Tout d’abord, comme je vous ai aimés. Comment Jésus nous a-t-il aimés ? Jusqu’au bout, jusqu’au don total de lui-même. Il est frappant de constater qu’il prononce ces paroles par une nuit sombre, alors que l’atmosphère du Cénacle est pleine d’émotion et d’inquiétude : émotion parce que le Maître est sur le point de dire adieu à ses disciples, inquiétude parce qu’il annonce que l’un d’entre eux va le trahir. Nous pouvons imaginer quelle douleur Jésus portait dans son âme, quelles ténèbres s’amoncelaient dans le cœur des apôtres, et quelle amertume en voyant Judas quitter la pièce pour entrer dans la nuit de la trahison, après avoir reçu la bouchée trempée pour lui par le Maître. Et c’est précisément à l’heure même de la trahison que Jésus confirme son amour pour les siens. Car, dans l’obscurité et les tempêtes de la vie, c’est cela l’essentiel : Dieu nous aime.

 

Cette annonce, frères, sœurs, doit être au centre de la profession et des expressions de notre foi : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés » (1Jn 4, 10). N’oublions jamais cela. Au centre, il n’y a pas notre capacité, nos mérites, mais l’amour inconditionnel et gratuit de Dieu, que nous n’avons pas mérité. Au début de notre être chrétien, il n’y a pas de doctrines ni d’œuvres, mais l’émerveillement de nous découvrir aimés, avant toute réponse de notre part. Alors que le monde veut souvent nous convaincre que nous n’avons de valeur que dans la mesure où nous produisons des résultats, l’Évangile nous rappelle la vérité de la vie : nous sommes aimés. Et c’est notre valeur : nous sommes aimés. Un maître spirituel de notre époque a écrit : « Avant même qu’un être humain puisse nous voir, nous étions vus par les yeux aimants de Dieu. Avant même que quelqu’un nous entende pleurer ou rire, nous étions entendus par notre Dieu qui est toute écoute pour nous. Avant même que quelqu’un en ce monde nous parle, la voix de l’amour éternel nous parlait déjà » (H. Nouwen, Sentirsi amati, Brescia 1997, p. 50). Il nous a aimés le premier, il nous a attendus. Il nous aime, il continue de nous aimer. Et c’est notre identité : aimés de Dieu. C’est notre force : aimés de Dieu.

 

Cette vérité nous demande de nous convertir sur l’idée que nous nous faisons souvent de la sainteté. Parfois, en insistant trop sur les efforts pour accomplir de bonnes œuvres, nous avons généré un idéal de sainteté trop fondé sur nous-mêmes, sur l’héroïsme personnel, sur la capacité de renonciation, sur le sacrifice de soi pour gagner une récompense. C’est une vision parfois trop pélagienne de la vie, de la sainteté. Nous avons ainsi fait de la sainteté un objectif inaccessible, nous l’avons séparée de la vie quotidienne au lieu de la rechercher et de l’embrasser dans le quotidien, dans la poussière de la rue, dans les efforts de la vie concrète et, comme le disait Thérèse d’Avila à ses sœurs, « parmi les casseroles de la cuisine ». Être disciples de Jésus et marcher sur le chemin de la sainteté, c’est avant tout se laisser transfigurer par la puissance de l’amour de Dieu. N’oublions pas la primauté de Dieu sur le moi, de l’Esprit sur la chair, de la grâce sur les œuvres. Parfois on donne plus de poids, plus d’importance au moi, à la chair et aux œuvres. Non : le primat de Dieu sur le moi, le primat de l’Esprit sur la chair, le primat de la grâce sur les œuvres.

 

L’amour que nous recevons du Seigneur est la force qui transforme notre vie : il dilate notre cœur et nous prédispose à aimer. C’est pourquoi Jésus dit – et c’est le deuxième aspect – « comme je vous ai aimés, vous devez aussi vous aimer les uns les autres ». Ce comme n’est pas seulement une invitation à imiter l’amour de Jésus ; il signifie que nous ne pouvons aimer que parce qu’il nous a aimés, parce qu’il donne son Esprit à nos cœurs, l’Esprit de sainteté, l’amour qui nous guérit et nous transforme. C’est pourquoi nous pouvons faire des choix et accomplir des gestes d’amour dans chaque situation et avec chaque frère et sœur que nous rencontrons, parce que nous sommes aimés et que nous avons la force d’aimer. De même que je suis aimé, je peux aimer. Toujours, l’amour que je réalise est uni à celui de Jésus pour moi : “comme ceci”. Tout comme il m’a aimé, ainsi je peux aimer. La vie chrétienne est si simple, elle est si simple ! Nous la rendons plus compliquée, avec tant de choses, mais elle est si simple.

 

Et, concrètement, qu’est-ce que cela signifie de vivre cet amour ? Avant de nous laisser ce commandement, Jésus a lavé les pieds à ses disciples ; après l’avoir annoncé, il s’est livré sur le bois de la croix. Aimer signifie ceci : servir et donner sa vie. Servir, c’est-à-dire ne pas faire passer ses propres intérêts en premier ; se désintoxiquer des poisons de la cupidité et de la concurrence ; combattre le cancer de l’indifférence et le ver de l’autoréférentialité ; partager les charismes et les dons que Dieu nous a donnés. Se demander concrètement : « qu’est-ce que je fais pour les autres ? » C’est aimer, et vivre le quotidien dans un esprit de service, avec amour et sans clameur, sans rien revendiquer.

Et puis donner sa vie, ce qui ne se réduit pas à offrir quelque chose, comme une partie de ses biens, aux autres, mais se donner soi-même. J’aime demander aux gens qui me demandent des conseils : “Dis-moi, tu fais l’aumône ?” – “Oui, Père, je fais l’aumône aux pauvres” – “Et quand tu fais l’aumône, est-ce que tu touches la main de la personne, ou jettes-tu l’aumône et tu le fais ainsi pour te nettoyer ?”. Et ils rougissent : “Non, je ne touche pas”. “Lorsque tu fais l’aumône, regardes-tu la personne que tu aides dans les yeux ou regardes-tu ailleurs ?” – “Je ne regarde pas”. Toucher et regarder, toucher et regarder la chair du Christ qui souffre dans nos frères et sœurs. C’est très important. C’est cela, donner la vie. La sainteté n’est pas faite de quelques gestes héroïques, mais de beaucoup d’amour quotidien. « Es-tu une consacrée ou un consacré ? – ils sont nombreux, aujourd’hui, ici – Sois saint en vivant avec joie ton engagement. Es-tu marié ou mariée ? Sois saint et sainte en aimant et en prenant soin de ton époux ou de ton épouse, comme le Christ l’a fait avec l’Église. Es-tu un travailleur ou une femme qui travaille ? Sois saint en accomplissant honnêtement et avec compétence ton travail au service de tes frères, et en luttant pour la justice de tes compagnons, pour qu’ils ne restent pas au chômage, pour qu’ils aient toujours le juste salaire. Es-tu père, mère, grand-père ou grand-mère ? Sois saint en enseignant avec patience aux enfants à suivre Jésus. Dis-moi, as-tu de l’autorité ? – et ici il y a tant de gens qui ont de l’autorité – Je vous demande : as-tu de l’autorité ? Sois saint en luttant pour le bien commun et en renonçant à tes intérêts personnels » (cf. Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, n. 14). C’est le chemin de la sainteté, si simple ! Regarder toujours Jésus dans les autres.

 

Servir l’Évangile et les frères, offrir sa vie sans retour – c’est le secret : offrir sans retour –, sans chercher la gloire mondaine : nous sommes, nous aussi, appelés à cela. Nos compagnons de route, canonisés aujourd’hui, ont vécu la sainteté de cette manière : en embrassant leur vocation avec enthousiasme – comme prêtres, certains, comme personnes consacrées, d’autres, comme laïcs – ils se sont dépensés pour l’Évangile, ils ont découvert une joie sans comparaison et ils sont devenus des reflets lumineux du Seigneur dans l’histoire. C’est un saint ou une sainte : un reflet lumineux du Seigneur dans l’histoire. Faisons-le aussi : le chemin de la sainteté n’est pas fermé, il est universel, c’est un appel pour nous tous, il commence par le Baptême, il n’est pas fermé. Faisons-le aussi, parce que chacun de nous est appelé à la sainteté, à une sainteté unique et non reproductible. La sainteté est toujours originale, comme le disait le bienheureux Carlo Acutis : la photocopie de la sainteté n’existe pas, la sainteté est originale, elle est la mienne, la tienne, celle de chacun de nous. Elle est unique et non reproductible. Oui, le Seigneur a un plan d’amour pour chacun de nous, il a un rêve pour ta vie, pour ma vie, pour la vie de chacun de nous. Que voulez-vous que je vous dise ? Et faites-le avancer avec joie. Merci.

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