Trois ans : un âge mûr pour les « valeurs républicaines » ?

« Dans notre mythologie républicaine, l’école maternelle n’occupe pas toute la place qu’elle pourrait occuper. Elle est et sera davantage à l’avenir un moment fondamental de notre parcours scolaire. » Un discours de Jules Ferry devant la Chambre des députés à la fin du XIXe siècle ? Non, c’est l’annonce faite par un certain Emmanuel Macron au début du printemps 2018…

La mesure sera effective dès la rentrée de septembre 2019. Il est plus que nécessaire d’en comprendre les tenants et aboutissements, histoire de mieux combattre cette innovation et de ne pas pouvoir alléguer une fausse excuse : Je ne savais pas ! Voulez-vous que tous les enfants de France soient désormais les prisonniers de cette « mythologie républicaine » endurcie et obligatoirement rallongée ? Alors il convient d’aider plus que jamais les écoles et les familles qui font le choix de la liberté d’instruction dans un contexte de plus en plus hostile…

En France, on accuse volontiers le ministère dit « de l’Éducation nationale » de tous les maux. Pourtant, on ne peut lui reprocher de rester inactif et de ne pas du tout s’intéresser aux enfants de notre pays… Malheureusement, cette institution n’a de cesse de resserrer son emprise — et celle de son système — sur l’« intelligence » des Français. Non contente des résultats désastreux qu’elle enregistre, et peut-être sont-ils volontaires pour l’essentiel, cette insigne administration s’applique ces jours-ci à prendre les enfants toujours plus tôt et plus longtemps dans les mailles de son filet.

Sous couvert de prendre quelques mesures « de bon sens », comme l’affirmation de l’apprentissage syllabique de la lecture et le refus de la méthode globale, l’actuel ministre Jean-Michel Blanquer avance les pions de ses loges.

Sous la Troisième République radicale, l’instruction a d’abord été obligatoire dans son cycle primaire, c’est-à-dire de 6 à 13 ans. L’âge de « sortie » a peu à peu été retardé : il est de 16 ans aujourd’hui, en attendant une nouvelle augmentation (on parlait de 18 ans avec l’ancien président, François Hollande, et sa ministre Vallaud-Belkacem)… Parallèlement, les gouvernements se sont ingéniés à entretenir une savante confusion entre « instruction » (seule obligatoire et concernant également la formation en famille) et « scolarité ». Bien sûr, les lois Ferry qui ont chassé des dizaines de milliers de religieux ont été consacrées à la manière d’une loi fondamentale de la République. Du triptyque école « obligatoire, laïque et gratuite », seuls les deux premiers termes sont authentiques. En effet, il suffira de consulter chaque année le poids du budget du ministère de l’Éducation nationale dans les dépenses publiques, car c’est la principale plaie de nos finances (cf note 1 ci-dessous) !

En annonçant sa nouvelle loi propre à la « mythologie républicaine », Macron parle d’« école maternelle » et n’évoque jamais l’« instruction » sans une quelconque référence à la « scolarité ». Les familles instruisant leurs enfants, voire prenant des cours par correspondance, ont donc du souci à se faire face aux idéaux qui animent les gouvernants. D’ailleurs, les médias ont annoncé que la nouveauté ne changerait pas grand-chose, puisque 97 % des enfants respecteraient déjà la législation annoncée. Seule la Corse ferait figure d’exception bien pâlichonne. On ne nous dit cependant jamais si ces 97 % d’enfants de 3 ans sont scolarisés ou bien instruits, la différence étant de taille… La seconde partie de l’alternative semble la bonne, mais l’effet d’annonce devrait tromper quelques personnes restées jusque-là persuadées qu’un enfant était mieux, à l’âge de 3 ans, avec ses parents plutôt qu’avec des « mercenaires » ! La réalité est aussi de « socialiser » le maximum d’enfants avant même l’âge de 3 ans, dès leurs 2 ans révolus. Le ministre de l’« Éducation nationale » préconise un « continuum crèche-CE1 » plutôt qu’une école proprement dite… mais la différence n’est que sémantique. Rappelons que même Sparte, cité réputée fondatrice de nombreux totalitarismes et finalement morte de ses coutumes contre nature, confiait l’« élevage » des enfants de la cité aux parents pendant 6 années, ne commençant leur phase de – « dressage » qu’à partir de 7 ans !

Dans tous les cas, on aurait intérêt à relire un ouvrage presque introuvable de l’abbé Eugène Roquette, chantre du catholicisme antilibéral, écrit juste avant les lois Ferry : La Famille telle que Dieu l’a faite. L’homme d’Église rappelle que Dieu a créé la famille, tandis qu’Il n’a jamais fait cet honneur à l’école, institution originellement et normalement intra-ecclésiale. Plus encore, il remarque avec monseigneur Gaume que des collèges pourtant tenus par des religieux ont pu préparer la génération des élites franc-maçonnes et révolutionnaires de 1789… Alors que dire au sujet des maîtres républicains ?

Ainsi, de loi en loi, le champ de la liberté scolaire se réduit dangereusement en France. Pour lutter contre cette érosion, certains ont fait le choix de combattre sur le terrain des « droits de l’homme » et des constitutions écrites. Mais on sait bien que ces socles juridiques sont minés et ne profitent qu’aux plus forts déjà établis, la liberté n’étant définie que par la loi d’un État omnipotent considéré comme l’expression même de la « souveraineté populaire » des « citoyens » qu’il opprime… Concédons cependant que depuis 1984 les autorités républicaines en France ont semble-t-il abandonné la voie de la suppression pure et simple par la force. Elles préfèrent désormais la douceur, la collaboration passive ou active (à laquelle pourrait contribuer la réforme du baccalauréat avec l’instauration d’un contrôle continu) et l’asphyxie lente. Chacun doit donc s’efforcer d’aider, selon ses moyens et ses possibilités, de façon humaine aussi bien que matérielle, les corps sains d’éducation et d’instruction qui ont jusqu’à présent eu le bonheur de survivre à toutes les tempêtes législatives.

D’après la grande presse autorisée et subventionnée, l’une des conséquences de l’instruction obligatoire dès 3 ans serait d’avantager les écoles privées (sous contrat) en partie financées par les mairies. Les journaux en question évitent bien entendu d’évoquer le financement des écoles publiques… Malheureusement, il est possible que cette levée de boucliers à gauche entraîne une rancœur à l’encontre des établissements privés sous contrat, laquelle ne manquerait pas d’englober par ignorance, opportunisme et facilité les écoles indépendantes, c’est-à-dire hors contrat. Il faudra veiller au grain…

Quoi qu’il en soit, arracher les enfants à leur famille ? Pour nous, c’est non et nous continuerons de combattre pour la liberté des parents et des écoles !

Philippe de Lacvivier, président du CEFOP (Œuvre boursière pour une scolarité catholique – depuis 1975).

note
1. Une idée reçue (entretenue par ses bénéficiaires) veut que l’instruction soit devenue gratuite avec les lois Ferry de 1881-1882: en réalité, depuis et avec le démantèlement des congrégations enseignantes qui pouvaient se passer d’une rémunération « de catégorie A », l’enseignement en France n’a jamais été aussi onéreux, le budget de l’« Éducation nationale » ayant atteint 92,49 milliards d’euros en 2017 (chiffre qui continue d’augmenter et qui ne comprend pas les dépenses matérielles annexes assumées par les communes pour le primaire, les départements pour le collège et les régions pour le lycée), soit théoriquement 1 401€ annuels par habitant de la France (division du chiffre global par une population de 67 millions d’âmes) ! Or le contribuable s’acquitte d’un tel montant (moyen), sans vraiment le réaliser, chaque année et durant toute sa vie : si l’on considère une espérance de vie à la naissance moyenne (hommes et femmes confondus) de 82 ans, cela fait (un non-travailleur ou un enfant est un contribuable indirect, entraînant des acquittements de TVA et autres taxes) qu’en moyenne un Français aura théoriquement déboursé pour le seul enseignement officiel 115 000 € au cours de sa vie… Or, comme une famille suppose un couple et plusieurs enfants, faites le calcul… Telle est la gratuité de l’instruction publique aujourd’hui en France ! D’où la nécessité de soutenir les familles demeurées exigeantes malgré ce système oppressif.

L’article ci-dessus est extrait de la lettre circulaire N° 128 de Juin 2018.

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En union de prières dans le Christ-Roi.

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Prière pour le salut des enfants

Souvenez-vous Seigneur de ces petits enfants
dont l’âme fraîche et le cœur pur vous recherchent.

Sauvez-les du libéralisme et de la tiédeur,
de l’école sans Dieu et du matérialisme.

Sauvez-les surtout du scandale et de l’impureté,
car vous savez qu’une fois qu’ils en ont été atteints,
il leur est très difficile de lever les yeux vers Vous.

Seigneur, pour les sauver nous vous demandons l’abondance de vos grâces :
grâce de la fondation d’écoles pleinement catholiques, fidèles à la tradition et antilibérales ;
grâce de la vocation d’enseignants chrétiens ;
grâce de cet argent dont nous avons tant besoin pour que les plus pauvres ne soient pas perdus.
Seigneur, vous nous avez présenté les enfants comme les modèles de ceux qui entreraient dans votre royaume ; ne les laissez pas avilir. Vous qui avez dit « laissez venir à moi les petits enfants », aidez-nous à les conduire vers Vous.