Christian Ravaz a été rappelé à Dieu le 27 décembre 2007 dans sa 64e année. Ses obsèques, célébrées par le père Emmanuel Berger, ont lieu à la cathédrale d’Apt (Vaucluse), le mercredi 2 janvier 2008, à 16 h.
Christian RAVAZ, une vie donnée à Dieu
par le Père René LAURENTIN
Christian Ravaz avait fondé, en 1980, « Chrétiens-magazine » pour révéler ce qu’on s’acharne à cacher : l’authentique présence de Dieu et de la Vierge dans ce monde.
Le 8 décembre, Christian Ravaz, en pleine vitalité, était à Lourdes, au lancement du 150e anniversaire, pour une relance de Chrétiens Magazine qu’il espérait « mettre en kiosques » à l’échelle européenne. Il était enchanté de l’accueil.
Cependant, il couvait un problème de santé, abusait de ses forces. Certains de ses amis l’avaient deviné en ces jours-là. À notre rencontre mensuelle de fin novembre, il n’était pas présent au rendez-vous. Il avait été contraint de s’arrêter à Lyon sur sa route vers la région parisienne. Une alerte sérieuse, sans faire l’hospitalisation qui me semblait souhaitable.
Le 25 décembre, j’avais rendez-vous avec lui à 14 h. Le téléphone des jours précédents était resté sans réponse, son répondeur était saturé. Le 26, vers 16 h, toujours sans nouvelles mon téléphone sonne et j’entends : « ici Christian », mais ce n’était pas sa voix ferme et décidée. Je cherchais quel autre Christian pouvait bien m’appeler, cette voix ne lui ressemblait pas. Sur ce registre, il expliquait qu’il n’avait pu venir, il était au lit seul dans sa petite maison. Il avait eu au téléphone son ami médecin, qui devait venir le voir le lendemain, 27 décembre.
RL.- « Mais comment n’êtes-vous pas à l’hôpital puisque les mêmes symptômes vous arrêtent pour la deuxième fois ? » CR.- « Il vient me voir demain . »
Son extrême fatigue, son effort pour me téléphoner me convainquirent qu’il ne fallait pas prolonger son effort surhumain. Le lendemain, son médecin me téléphone pour m’annoncer sa mort. Il avait toujours été de l’avant, face aux difficultés qui ne le lâchaient pas dans sa voie paradoxale, dans un monde différent.
Christian Ravaz était un surdoué de naissance, il n’aimait pas qu’on le dise, il réagissait vivement quand je prononçais ce mot devant lui. À la fin des années 70, il s’était lancé dans l’informatique. Il avait fait d’emblée un brillant chemin, il gagnait un bon paquet de millions d’anciens francs par mois, roulait en voiture de sport. Il était engagé dans le mouvement charismatique. il bifurqua vers le journalisme. Bien lancé dans la presse, il publia quelques articles hauts payés, y compris dans Figaro-magazine dont le titre l’inspira par sa terminaison pour fonder Chrétiens-magazine, avec des motivations désintéressées. Il avait toutes les cordes à son arc, l’espoir de parvenir vite aux grands tirages. Une voyante américaine bien connue l’encourageait dans cette espérance.
Il fit un bon impact, une croissance régulière dans un public extrêmement varié, près de grands mystiques, hommes de hauts niveaux, scientifiques (Olivier Costa de Beauregard, etc.) Il m’avait accompagné aux interviews que j’avais faites des cardinaux Billé puis Barbarin. Il répondait aux aspirations d’un peuple soucieux d’oxygène spirituel pour la foi asphyxiée d’aujourd’hui. Non sans contact avec Stella Maris, il assurait l’information sur les miracles eucharistiques, guérisons, apparitions, exorcismes, aujourd’hui laissés pour compte à de rares exceptions près.
Dans ce cadre, il m’avait demandé mon bloc-notes pour regarder l’actualité du point de vue de Dieu pour un réveil de l’Espérance, pour les discernements fondamentaux y compris les mises en garde sur des voyants aventureux et bruits de miracles illusoires.
Christian Ravaz avait de grands talents de communication, un large réseau de relations dans la presse, dans la politique, dans l’Église, dans des orientations très diverses ; des plans et projets à revendre, il dialoguait énormément au téléphone avec ses lecteurs, mais il passa à côté des grandes réussites. Chrétiens Magazine dépassa, par deux fois, les vingt mille abonnés : il avait des ennemis qui cherchèrent à l’arrêter par l’intérieur ou par l’extérieur. Il luttait en évitant d’accabler les adversaires. Il souffrait d’être gênant. Il supportait de moins en moins Paris. Il y avait progressivement liquidé ses bureaux. Ces dernières années, il résidait dans sa région occitane où il trouvait l’amitié, la paix, des fêtes populaires et religieuses réconfortantes : surtout Noël et Pâques.
Il a gardé le secret des rudes combats qui ont altéré sa santé, il se croyait plus menacé de l’extérieur que de l’intérieur. Quoi qu’il en soit de la corrélation, sa vie a été abrégée. C’est délibérément qu’il avait largement sacrifié sa vie privée pour se consacrer à la percée des actions spirituelles qu’il menait avec l’appui de son journal estimé. Arrivé à 64 ans il avait d’ailleurs très mal préparé sa retraite, se donnant un salaire minimum qu’il ne se versait pas tous les mois, selon l’état de ses finances. Christian Ravaz était un chrétien hors norme…