La « dictature sanitaire » et l’interdiction des messes publiques : une épreuve qui apportera un “grand bénéfice spirituel” - par Mgr Schneider
Mars 2020 – Mgr Athanasius Schneider propose une réflexion sur l’interdiction inouïe pour les fidèles d’assister à la messe, où au nom d’une « dictature sanitaire » sans précédent « les puissances de ce monde ont maintenant séparé de force les fidèles de leurs bergers ». Ces « tribulations », affirme l’évêque auxiliaire d’Astana, seront porteuses de « grands bénéfices spirituels » pour ceux qui resteront fidèles et qui comprendront, à travers la privation du Sacrifice eucharistique, son caractère absolument central.
Il y voit une « purification » de l’Eglise par une « intervention divine dans la crise actuelle sans précédent de l’Église ».
« Nous nous glorifions même dans les tribulations » (Rom 5, 3)
Des millions de catholiques dans le monde occidental dit libre seront, dans les semaines ou même les mois à venir, et surtout pendant la Semaine Sainte et Pâques, point culminant de toute l’année liturgique, privés de tout acte de culte public en raison de la réaction tant civile qu’ecclésiastique à l’épidémie de Coronavirus (COVID-19). La plus douloureuse et la plus angoissante de ces mesures est la privation de la sainte messe et de la sainte communion sacramentelle.
L’atmosphère actuelle de panique quasi planétaire est sans cesse alimentée par le « dogme » universellement proclamé de la nouvelle pandémie du coronavirus. Les mesures de sécurité drastiques et disproportionnées, associées à la négation des droits fondamentaux de l’homme que sont la liberté de mouvement, la liberté de réunion et la liberté d’opinion, apparaissent quasiment orchestrées au niveau mondial selon un plan précis. Ainsi, l’humanité entière devient en quelque sorte prisonnière d’une « dictature sanitaire » mondiale qui, de son côté, se révèle également être une dictature politique.
Un effet secondaire important de cette nouvelle « dictature sanitaire » qui se répand dans le monde entier est l’interdiction croissante et sans compromis de toute forme de culte public. À compter du 16 mars 2020, le gouvernement allemand a interdit toute forme de rassemblement religieux public pour toutes les religions. Une mesure aussi drastique d’interdiction stricte de toutes les formes de culte public était inimaginable, même sous le Troisième Reich.
Avant que ces mesures ne soient prises en Allemagne, une interdiction gouvernementale de tout culte public avait été mise en œuvre en Italie et à Rome, cœur du catholicisme et du christianisme. La situation actuelle de l’interdiction du culte public à Rome ramène l’Église à l’époque d’une interdiction analogue émise par les empereurs romains païens au cours des premiers siècles.
Les clercs qui osent célébrer la sainte messe en présence des fidèles dans de telles circonstances pouvaient être punis ou mis en prison. La « dictature sanitaire » mondiale a créé une situation qui respire l’air des catacombes, d’une Église persécutée, d’une Église souterraine, surtout à Rome. Le pape François, qui le 15 mars, à pas solitaires et hésitants, a parcouru les rues désertes de Rome dans son pèlerinage depuis l’image du Salus populi Romani dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure jusqu’à la Croix miraculeuse dans l’église de San Marcello, véhiculait une image apocalyptique. Elle rappelait la description suivante de la troisième partie du secret de Fatima (révélée le 13 juillet 1917) : « Le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d’un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine. »
Comment les catholiques doivent-ils réagir et se comporter dans une telle situation ? Nous devons accepter cette situation des mains de la Divine Providence comme une épreuve, qui nous apportera un plus grand bénéfice spirituel que si nous n’avions pas vécu une telle situation. On peut comprendre cette situation comme une intervention divine dans la crise actuelle sans précédent de l’Église. Dieu utilise maintenant l’impitoyable « dictature sanitaire » du monde pour purifier l’Église, pour réveiller les responsables dans l’Église, et en premier lieu le pape et l’épiscopat, de l’illusion d’un beau monde moderne, de la tentation de flirter avec le monde, de l’immersion dans les choses temporelles et terrestres. Les puissances de ce monde ont maintenant séparé de force les fidèles de leurs bergers. Les gouvernements ordonnent au clergé de célébrer la liturgie sans le peuple.
L’actuelle intervention divine purificatrice a le pouvoir de nous montrer à tous ce qui est vraiment essentiel dans l’Église : le sacrifice eucharistique du Christ avec son Corps et son Sang et le salut éternel des âmes immortelles. Que ceux qui, dans l’Église, sont soudainement et inopinément privés de ce qui est central puissent commencer à en voir et en apprécier plus profondément la valeur.
En dépit de la situation douloureuse de privation de la sainte messe et de la sainte communion, les catholiques ne doivent pas céder à la frustration ou à la mélancolie. Ils devraient accepter cette épreuve comme une occasion de grâces abondantes que la Divine Providence leur a préparée. De nombreux catholiques ont maintenant, d’une certaine manière, la possibilité de faire l’expérience de la situation des catacombes, de l’Église souterraine. On peut espérer qu’une telle situation produira les nouveaux fruits spirituels des confesseurs de la foi et de la sainteté.
Cette situation oblige les familles catholiques à faire littéralement l’expérience de la signification de ce qu’est l’église domestique. En l’absence de possibilité d’assister à la sainte messe même le dimanche, les parents catholiques devraient rassembler leurs familles chez eux. Ils pourraient assister chez eux à une sainte messe diffusée à la télévision ou sur internet, ou si cela n’est pas possible, ils devraient consacrer une heure de prière pour sanctifier le Jour du Seigneur et s’unir spirituellement aux saintes messes célébrées par les prêtres à huis clos, même dans leur ville ou dans leur voisinage. Une telle heure sainte dominicale d’une église domestique pourrait par exemple se faire de la manière suivante :
Prière du rosaire, lecture de l’Évangile du dimanche, acte de contrition, acte de communion spirituelle, litanie, prière pour tous ceux qui souffrent et meurent, pour tous ceux qui sont persécutés, prière pour le pape et les prêtres, prière pour la fin de l’épidémie physique et spirituelle actuelle. La famille catholique doit également prier le chemin de croix le vendredi du carême. En outre, le dimanche, les parents pourraient rassembler leurs enfants l’après-midi ou le soir pour leur lire des récits de la vie des saints, en particulier ceux qui sont tirés des périodes de persécution de l’Église. J’ai eu le privilège de vivre une telle expérience pendant mon enfance, et cela m’a donné les fondations de la foi catholique pour toute ma vie.
Les catholiques qui sont aujourd’hui privés d’assister à la sainte messe et de recevoir la sainte communion sacramentelle, peut-être seulement pour une courte période de quelques semaines ou mois, peuvent penser à ces temps de persécution, où pendant des années les fidèles ne pouvaient pas assister à la Sainte Messe ni recevoir d’autres sacrements, comme ce fut le cas, par exemple, pendant la persécution communiste dans de nombreux endroits de l’Empire soviétique.
Que ces paroles de Dieu renforcent tous les catholiques qui souffrent actuellement d’être privés de la sainte messe et de la sainte communion :
« Bien-aimés, ne soyez pas surpris du feu ardent qui sert à vous éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire ; mais, parce que vous participez ainsi aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lorsque sa gloire sera manifestée, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse » (1 Pierre 4 : 12-13).
« Le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos tribulations, afin que nous puissions, nous aussi, par l’encouragement que nous recevons nous-mêmes de Dieu, consoler ceux qui sont pressés par toutes sortes de maux » (2 Cor. 1:3-4).
« … afin que votre foi ainsi éprouvée, plus précieuse que l’or qu’on éprouve par le feu, tourne à votre louange, votre gloire et votre honneur, lorsque paraîtra Jésus-Christ » (1 Pierre 1:6-7).
À l’époque d’une cruelle persécution de l’Église, saint Cyprien de Carthage (+258) a donné cet enseignement édifiant sur la valeur de la patience :
« C’est la patience qui fortifie fermement les fondements de notre foi. C’est elle qui élève au plus haut niveau l’accroissement de notre espérance. C’est elle qui dirige notre action, afin que nous restions fidèles à la voie du Christ tout en marchant par la grâce de sa patience. Que le Seigneur Jésus est grand, et que sa patience est grande, que Celui qui est adoré au ciel ne soit pas encore vengé sur la terre ! Frères bien-aimés, considérons sa patience dans nos persécutions et nos souffrances ; offrons une obéissance remplie de l’attente de son avènement » (De patientia, 20 ; 24).
Nous voulons prier avec notre entière confiance la Mère de l’Eglise, en invoquant le pouvoir d’intercession de son Coeur Immaculé, afin que la situation actuelle de privation de la sainte messe puisse apporter des fruits spirituels abondants pour le véritable renouveau de l’Eglise après des décennies de nuit de la persécution des vrais catholiques, du clergé et des fidèles qui s’est produite à l’intérieur même de l’Eglise. Écoutons ces paroles inspirantes de Saint Cyprien :
« Si la cause d’un désastre est reconnue, on trouve immédiatement un remède à la blessure. Le Seigneur a voulu que sa famille soit mise à l’épreuve ; et parce qu’une longue paix avait corrompu la discipline qui nous avait été divinement délivrée, la réprimande céleste a éveillé notre foi qui cédait, presque, dirais-je, endormie ; et bien que nous ayons mérité davantage pour nos péchés, le Seigneur très miséricordieux a tellement modéré toutes choses, que tout ce qui est advenu a plutôt ressemblé à une épreuve qu’à une persécution » (De lapsis, 5)
Dieu veuille que cette courte épreuve de privation du culte public et de la sainte messe insuffle au cœur du pape et des évêques un nouveau zèle apostolique pour les trésors spirituels pérennes qui leur ont été divinement confiés – c’est-à-dire le zèle pour la gloire et l’honneur de Dieu, pour le caractère unique de Jésus-Christ et de son sacrifice rédempteur, pour la centralité de l’Eucharistie et la manière sacrée et sublime de la célébrer, pour la plus grande gloire du Corps Eucharistique du Christ, et le zèle pour le salut des âmes immortelles, pour un clergé chaste et remplis de l’esprit apostolique. Puissions-nous écouter ces paroles encourageantes de saint Cyprien :
« Il faut louer Dieu et célébrer ses bienfaits et ses dons en lui rendant grâce, alors que même au temps des persécutions, notre voix n’a pas cessé de rendre grâce. Car même un ennemi n’a pas le pouvoir de nous empêcher, nous qui aimons le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre vie et de toute notre force, de proclamer avec gloire ses bénédictions et ses louanges toujours et partout. Le jour si ardemment désiré est venu par les prières de tous ; et après l’obscurité terrible et répugnante d’une longue nuit, le monde a brillé, irradié par la lumière du Seigneur » (De lapsis, 1)
Le totalitarisme de la théorie du genre et des gay pride
Dans une lettre publiée le 28 juillet 2018 par l’agence Corrispondenza Romana, Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana (Kazakhstan) explique comment lutter efficacement contre ce qu’il nomme « l’infiltration du poison de l’idéologie du genre et de l’homosexualité » dans la vie de l’Église.
Sous le titre La réponse catholique à la gay pride, Mgr Schneider dénonce le totalitarisme idéologique incarné par le genre et l’homosexualité qui travaillent activement, selon ses propres termes, « à conquérir l’Église catholique, dernier bastion de résistance ».
L’évêque auxiliaire d’Astana pense que dans un avenir proche, l’Église
« sera confrontée à une situation semblable à celle des persécutions des trois premiers siècles, au sein de l’Empire romain, lorsque obligation fut faite aux chrétiens d’accepter le totalitarisme idéologique représenté alors par le culte des fausses idoles ».
La différence est qu’au lieu de brûler de l’encens devant les fausses divinités, il suffit aujourd’hui de manifester son adhésion à l’idéologie nouvelle
« en acceptant de considérer avec bienveillance des événements tels que la gay pride, comme le font nombre de prêtres, d’évêques, et même de cardinaux dans l’Église ».
Mgr Schneider insiste :
« chaque évêque a le devoir grave de faire entendre sa voix et de s’élever contre le phénomène envahissant des « fiertés homosexuelles » qui contaminent peu à peu l’Occident ».
Cette réaction est d’autant plus nécessaire que l’on constate « un soutien croissant » à ces manifestations contre-nature « au sein même du clergé catholique, alors que tant d’autres se terrent dans la passivité et la peur », remarque le prélat.
Pour Mgr Schneider, la réponse adéquate d’un catholique doit être à la hauteur de l’enjeu :
« il faut dénoncer cette situation sans ambiguïté afin de sauver l’Église du poison totalitaire de l’homosexualité et du genre. Et proclamer une fois encore la vérité sur la Création de Dieu et sur ses divins commandements ».
Puisse le courageux prélat kazakh – qui a connu la persécution anti-chrétienne sous l’ère soviétique – être entendu par tous les pasteurs d’âme, au plus haut de l’Église !
Mgr Schneider dénonce le relativisme et le protestantisme dans l'Église
Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana au Kazakhstan, a accordé un entretien à Gloria.tv le 10 juin 2018, dans lequel il pointe du doigt plusieurs prélats prônant le relativisme au plus haut niveau dans l’Eglise.
Mgr Schneider s’est exprimé après la messe pontificale qu’il a célébrée dans le rit traditionnel à l’abbaye cistercienne de Vyšší Brod, en République tchèque.
Selon lui, il existe au plus haut niveau dans l’Eglise un « groupe qui n’aime pas le catéchisme », qui fait la promotion du « relativisme et du protestantisme », au point que « l’unité de foi étant perdue, les évêques sont divisés, et cela se voit ». Ce sont d’ailleurs les mêmes qui abusent de leur pouvoir pour « interdire le rite ancien de la messe ».
L’évêque auxiliaire d’Astana n’hésite pas à nommer les prélats dont il dénonce la doctrine hétérodoxe : les « cardinaux Marx et Kasper » qui ne « partagent pas la même foi que les cardinaux Burke et Müller », affirme-t-il.
A propos du célibat ecclésiastique, que le prochain Synode sur l’Amazonie propose de mettre en débat, le prélat kazakh déclare sans ambages que « le célibat n’est pas une simple loi ecclésiastique », mais qu’il remonte à « la Tradition apostolique, comme le rappelle déjà le concile de Carthage au IVe siècle ».