Il faut reconnaître que le principe de l’art du moyen-âge était en opposition complète avec le principe de l’art de la Renaissance.
Le moyen âge finissant avait imprimé tous les côtés humbles de l’âme: souffrance, tristesse, résignation, acceptation de la volonté divine. Les saints, la Vierge, le Christ lui-même, souvent chétifs, apparentés au pauvre peuple du XVe siècle, n’ont pas d’autre rayonnement que celui qui vient de l’âme.
Cet art est d’une humilité profonde : le véritable esprit du christianisme est en lui.
Tout différent est l’art de la Renaissance, son principe caché est l’orgueil. L’homme désormais se suffit à lui-même et aspire à être un Dieu.
La plus haute expression de l’art, c’est le corps humain sans voile : l’idée d’une chute, d’une déchéance de l’être humain, qui détourna si longtemps les artistes du nu, ne se présente même plus à leur esprit.
Faire de l’homme un héros rayonnant de force et de beauté, échappant aux fatalités de la race, pour s’élever jusqu’au type, ignorant la douleur, la compassion, la résignation, voilà bien (avec toutes sortes de nuances), l’idéal de l’Italie du XVlè siècle.
Émile Mâle – L’art religieux à la fin du Moyen-âge, cité par Mgr Delassus – La conjuration anti-chrétienne.