Qui était Israel Zolli ?

Israel Zoller est né en 1881 à Brody, dans l’oblast de Lviv, en Galicie (région actuellement répartie entre la Pologne à l’ouest et l’Ukraine à l’est), dans une famille de rabbins. En 1920, il fut nommé rabbin dans la ville de Trieste, qui venait de se libérer de l’occupation austro-hongroise. Ce fut là que la famille Zoller italianisa son patronyme en « Zolli ». En 1940, Israel Zolli devint grand rabbin de la ville de Rome. Selon sa biographe Judith Cabaud, en 1944, alors qu’il conduisait le service de Yom Kippour, il eut une vision mystique de Jésus-Christ1. Peu après la Libération, le rabbin Zolli se convertit, avec son épouse, au catholicisme. Pour prénom de baptême, il choisit de s’appeler « Eugenio Pio», en hommage au pape Pie XII, né Eugenio Pacelli, en raison de son action pour les Juifs de Rome pendant la Seconde Guerre mondiale. Myriam, la fille du rabbin Zolli, écrit : « Pacelli et mon père étaient des figures tragiques dans un monde où toute référence morale avait disparu. Le gouffre du mal s’était ouvert, mais personne ne le croyait, et les grands de ce monde — Roosevelt, Staline, de Gaulle — étaient silencieux. Pie XII avait compris que Hitler n’honorerait de pactes avec personne, que sa folie pouvait se diriger dans la direction des catholiques allemands ou du bombardement de Rome, et il agit en connaissance de cause. Le pape était comme quelqu’un contraint à agir seul parmi les fous d’un hôpital psychiatrique. Il a fait ce qu’il pouvait. Il faut comprendre son silence dans le cadre d’un tel contexte, non comme une lâcheté, mais comme un acte de prudence2. » Devenu professeur à l’Institut biblique pontifical, Eugenio Zolli mourut à Rome en 1956, à l’âge de 74 ans. Son autobiographie publiée en 1954, Prima dell’alba, décrit les circonstances de sa conversion et explique les raisons de son admiration envers Pie XII. On y lit notamment : « La rayonnante charité du Pape, penché sur toutes les misères engendrées par la guerre, sa bonté pour mes coreligionnaires traqués, furent pour moi l’ouragan qui balaya mes scrupules à me faire catholique. »3 1 Cf. (en) Un entretien de Judith Cabaud sur le site catholicculture. 2 Judith Cabaud, « Eugenio Zolli et le pape Pie XII », Kephas, novembre 2006. 3 Monde et Vie, no 152, 18 mai 1995.