« J’achèverai ces détails en vous racontant un autre fait, dont la certitude est entière pour moi, et dont le charme sera certain pour vous : le cardinal Mastaï, évêque d’Imola, s’était mis en route pour se rendre au Conclave ; il était dans sa voiture et en poste. Vous savez qu’en Italie, dans toutes les villes, dans toutes les bourgades, aux relais de poste, une voiture qui arrive fait toujours un grand effet ; on est toujours entouré d’une foule immense. Mais la voiture d’un cardinal si doux et si beau à voir, d’un cardinal allant à Rome et pouvant être Pape, dans ce moment solennel où toute l’Italie était émue et attendait, c’était un véritable événement. Donc il arriva que dans une petite ville des Marches, dont j’ai oublié le nom, la voiture du cardinal Mastaï fut extrêmement entourée. Pendant que tout le peuple le considérait, et que tous les regards étaient arrêtés sur lui, une colombe blanche, traversant l’air, s’arrêta tout à coup et se posa sur la voiture. Tout le peuple battit des mains, les cris de joie furent universels, tous s’écriaient : Vivat ! Vivat ! il sera Pape, il sera Pape ! Vous savez sans doute que plusieurs élections pontificales, dans les premiers siècles, ont été faites ainsi miraculeusement par le signe de la colombe. En particulier, tous les premiers évêques de Ravenne sont connus sous le nom d’Êvêques de la colombe.
Vous jugez par-là des transports de ce peuple. Les cris de joie redoublèrent. On fit tout ce qu’on put pour effrayer l’oiseau, envoyé du Seigneur ; mais, quoi qu’on fit, la colombe demeura immobile, et continua à se reposer sur l’élu de Dieu. On prit un de ces grands joncs d’Italie, que vous connaissez, et on l’en frappa doucement de quelques coups, pour la faire retirer ; elle sembla un moment céder à cette violence ; mais bientôt après s’être envolée en l’air, la colombe, d’un vol rapide, redescendit sur la voiture, et s’y reposa de nouveau tranquille et assurée. Alors l’enthousiasme au comble : Vivat ! Vivat ! il sera Pape ! C’était une ivresse dans tout ce peuple.
Cependant les chevaux étaient attelés, les postillons étaient prêts et triomphants. La voiture part. Parmi les cris de joie, le bruit des roues, le hennissement des chevaux, le claquement des fouets, la colombe demeure immobile à sa place, et semble marcher à Rome avec le nouveau Pape. Tout le peuple le suit, courant jusqu’aux portes de la ville. Enfin, là, elle s’envole, et va se poser, à la vue et aux applaudissements de la multitude, sur la porte même de la prison où étaient renfermés des prisonniers politiques.
Quelques jours après, l’élection du cardinal Mastaï révéla à tous les spectateurs de cette scène que Pie IX était réellement le Pontife de la colombe
Le cardinal Mastaï n’avait que cinquante-quatre ans lorsqu’il monta sur le trône pontifical. » (Le Messager de l’Immaculée)
Voici un autre extrait :
« On a parlé d’une colombe qui, au premier dépouillement des scrutins, tandis que le cardinal Mastaï lisait tout haut son nom pour la treizième fois, pénétra dans la chapelle par une fenêtre, et vint voltiger sur sa tête. Si le fait est vrai, il est difficile de ne pas y voir (surtout après ce qui est arrivé dans le voyage d’Imola à Rome) un signe manifeste de prédestination au suprême pontificat. » (Le Messager de l’Immaculée)