Le 19 janvier 2023, le Pape François a autorisé la promulgation de nouveaux décrets reconnaissant les vertus héroïques de six serviteurs de Dieu qui deviennent ainsi vénérables.

Maria Margherita Diomira du Verbe Incarné

Participer aux douleurs de la Passion du Christ

D’un tempérament calme et docile, vouée à la prière et à une vie retirée, avec un amour particulier pour l’Eucharistie et la Vierge Marie, la vénérable Maria Margherita Diomira du Verbe Incarné (1651-1677), née Maria Allegri, religieuse professe de la Congrégation de la Charité du Bon Pasteur, vécut une brève existence terrestre entre 1651 et 1677 en Toscane. Pour réparer ses péchés, elle s’inflige des pénitences et des mortifications. Résistant à la forte opposition de son père, Maria Margherita Diomira du Verbe Incarné entre d’abord au monastère florentin des Camaldules de San Giovanni Evangelista di Boldrone, puis, toujours à Florence, au monastère des soeurs de la Charité de Jésus Bon Pasteur, voué à l’éducation des filles pauvres et à l’accueil des pèlerins. La désormais vénérable a été enrichie par Dieu des dons spirituels extraordinaires, tels que des prophéties, des visions, des extases, la capacité de conseiller et de participer aux douleurs de la Passion du Christ, recevant même les stigmates. Elle ne manquait pas de périodes de tourments intérieurs. De nombreuses personnes, dont des nobles, des prêtres et des évêques, venaient la voir pour obtenir des conseils et un réconfort spirituel. Malade de la tuberculose, elle s’offrit en victime d’amour au Seigneur et mourut à Florence à l’âge de 26 ans seulement.

Bertilla Antoniazzi

L’offrande de sa vie dans la maladie

Parmi les six nouveaux vénérables, il y a aussi une autre femme, une laïque: Bertilla Antoniazzi (1944-1964), qui a vécu à peine vingt ans, entre 1944 et 1964 en Vénétie en Italie. Admise à l’hôpital de Vicenza alors qu’elle n’avait que neuf ans en raison d’une dyspnée sévère causée par une endocardite rhumatismale, elle souffrit ensuite d’une maladie qui l’obligea à rester constamment à la maison: dotée d’une grande force d’âme, elle comprit donc que sa mission était de consoler ceux qui souffraient et de rapprocher de Dieu les pécheurs et les âmes par l’offrande de sa vie et de son infirmité.

La vénérable ne s’est jamais refermée sur elle-même: avec les médecins et les infirmières, elle a établi des relations amicales et avec les autres malades, une intense correspondance épistolaire. S’en remettant totalement à Dieu dans la prière, Bertilla Antoniazzi ne s’est jamais plainte, pas même au cours des deux dernières années de sa vie passée au lit, lorsque les escarres sont apparues, que son cœur eut une grave insuffisance valvulaire et ses poumons des œdèmes. Lors d’un pèlerinage à Lourdes en 1963, elle demanda à la Vierge Marie non pas la guérison, mais la sainteté.

Miguel Costa y Llobera

Adoration eucharistique et dévotion mariale

Chanoine de l’église cathédrale de Majorque par ordre de Saint Pie X, Miguel Costa y Llobera (1854-1922) a vécu en Espagne entre la seconde moitié du XIXe siècle et les deux premières décennies du siècle dernier. Né dans une famille noble et riche, il est devenu prêtre malgré l’opposition initiale de son père. Prédicateur et confesseur passionné, homme de prière et poète, Miguel Costa y Llobera était également professeur d’archéologie sacrée et d’histoire de la littérature. Ceux qui l’ont connu l’ont décrit comme un « hombre muy piadoso e ilustrado », c’est-à-dire « un homme très pieux et éclairé ». L’adoration eucharistique et la dévotion mariale étaient les piliers de sa vie spirituelle. Le vénérable a vécu dans le détachement de biens terrestres, un détachement qu’il considérait comme un moyen d’aider les pauvres. Il accordait aussi une attention particulière aux malades. Miguel Costa y Llobera est mort de manière inopinée en 1922, en odeur de sainteté, alors qu’il prononçait le panégyrique à l’occasion du troisième centenaire de la canonisation de Sainte Thérèse d’Avila depuis la chaire de l’église des Carmes déchaussés de Majorque.

Gaetano Francesco Mauro

Évangélisateur parmi les paysans

Le calabrais Gaetano Francesco Mauro (1888-1969), fondateur en 1928 de la Congrégation des catéchistes ouvriers pieux ruraux, était un prêtre diocésain et a vécu entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Pendant les années de la Première guerre mondiale, il était aumônier militaire dans le Frioul. Il tomba malade de la tuberculose après une période d’emprisonnement dans différents camps de concentration autrichiens. De retour en Calabre, Gaetano Francesco Mauro se consacre à soulager la misère, l’injustice et l’ignorance religieuse des paysans par des œuvres d’évangélisation et de promotion humaine, en créant en 1925 l’Association religieuse des oratoires ruraux (A.R.D.O.R.) avec comme mission l’enseignement de la doctrine chrétienne dans les campagnes. Il établit son siège dans l’ancien couvent de San Francesco di Paola à Montalto Uffugo, qu’il avait restauré quelques années auparavant.
En 1943, le Saint-Siège décida d’unir la jeune Congrégation des catéchistes ruraux à celle des Pieux Ouvriers, fondée par Carlo Carafa en 1602: ainsi naquirent les Catéchistes ruraux Pieux Ouvriers, qui, après la Seconde Guerre mondiale, intensifièrent leur travail missionnaire dans les zones rurales de la Calabre et dont Gaetano Francesco Mauro fut nommé supérieur général en 1956. Dans ses journaux intimes, le vénérable raconte la « nuit obscure », une forme de dépression, vécue toujours fermement dans la foi et l’espérance: une épreuve spirituelle qui l’a accompagné jusqu’à ses derniers jours.

Giovanni Barra

Un prêtre heureux

Issu d’une famille de paysans de Riva di Pinerolo, dans la province de Turin, en Italie, le vénérable Giovanni Barra (1914-1975) est né en 1914. Prêtre diocésain, assistant de l’Association des jeunes de l’Action catholique, il crée à Pinerolo, en 1943, une section de la Fédération universitaire catholique italienne (FUCI), qu’il dirige jusqu’en 1965. La liturgie et la charité ont toujours animé son engagement dans d’autres associations catholiques. Le père Giovanni Barra a ouvert la « Casa Alpina » à Pragelato, un lieu de prière et de rencontre pour les jeunes et les familles pendant l’été. Il avait toujours vécu le sacerdoce en union avec le Christ comme un don du Seigneur. Nommé recteur du Séminaire des vocations adultes de Turin en 1969, il plaça la prière au centre de la formation des séminaristes. Observateur attentif de l’âme humaine, le prêtre italien avait une parole d’espoir pour tous et, en tant qu’éducateur, il anticipait le comportement ecclésial qui allait mûrir avec le Concile Vatican II. Prêtre journaliste, Giovanni Barra a également fondé plusieurs revues et dialogué avec divers intellectuels. Dans son testament spirituel, il écrit: «Quand je regarde en arrière, je sens une vague de joie et de gratitude monter de mon cœur. Je suis vraiment un prêtre heureux de mon sacerdoce». Même dans la maladie, il n’a jamais perdu sa joie, vécue comme une expression de la plénitude de la vie en Dieu.

Vicente López de Uralde Lazcano

Témoin de paix et d’espérance

Parmi les nouveaux vénérables figure aussi Vicente López de Uralde Lazcano (1894-1990), prêtre profès de la Compagnie de Marie, qui a vécu en Espagne entre 1894 et 1990. Homme de prière, en union profonde avec le Seigneur, il était un professeur, un aumônier et un confesseur apprécié des élèves, des anciens élèves, des prêtres et des autres fidèles du collège « San Felipe Neri » de Cadix, où il est resté pendant 62 ans. Très aimé par les étudiants à qui il savait donner la paix et l’espoir, il n’a jamais interrompu ses activités d’enseignement, pas même pendant la guerre civile où il n’a pas hésité à défendre les étudiants du collège de l’occupation par la milice et à sauver l’Eucharistie. Après sa retraite, il se consacre assidûment au sacrement de la réconciliation, passant jusqu’à huit heures par jour au confessionnal et devenant une référence spirituelle pour la ville de Cadix.