La miséricorde, atout cœur dans le jeu de Dieu
Voici l’enseignement sur la miséricorde donné par le Père Michel-Marie dans l’église parisienne Saint-Sulpice archicomble ! Des milliers de personnes venant de tous les horizons, y compris de celui de la non-croyance, venues entendre un homme et un prêtre exprimer le mystère de la miséricorde…
De l'amour en éclat - par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine
Paroisse Saint-Vincent-de-Paul
« Les Réformés »
Marseille, France
29 octobre 2010
Lettre ouverte
… à toi qui désires la prêtrise
Je confie pour toi cette lettre à la Sainte Vierge,
Qu’elle la timbre de sa grâce et la dépose dans ton âme.
En songeant à Adam et Eve, nus comme des vers, dupés jusqu’à la moelle,
En songeant à la peine du Créateur et à son amour bafoué par des anges,
En songeant au défilement des siècles, sans vrai Dieu ni vrais maîtres,
En songeant aux prophètes rendus aphones par le tranchant des glaives,
En songeant à l’enfant Marie, graciée de part en part, étrangement humble et morte à elle-même,
En songeant au Verbe de Dieu devenu embryon pour que la mort soit possible et donne la Vie,
En songeant à l’étroit village, aux planches de bois, aux gestes divins remis cent fois sur le métier,
En songeant à son cousin, pourfendeur d’idoles, la tête ensanglantée sur un plateau de fête,
En songeant aux milliers de versets d’évangile articulés sur trois ans pour éclairer la terre,
En songeant aux centaines de miracles accordés pour convaincre l’esprit de céder le passage à la foi,
En songeant à la petite brebis perdue, qui, retrouvée, fait pleurer de joie le bon Berger,
En songeant à l’enfant prodigue, anneau d’or, habit de prince, saturé d’amour paternel,
En songeant à Marie-Madeleine, vierge pure, perle du Christ, joyau de miséricorde,
En songeant à l’œuvre de la Croix, couronne en tête, torse déchiré, amour démesuré, pour payer la rançon d’abjects humains,
En songeant au bon Larron qui, d’une seule parole remplie de repentir, de respect et d’amour envers le Christ, s’assit le soir même en paradis à la table des élus,
En songeant à la consigne ultime : « Allez donc et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. »
En songeant à saint Paul se faisant tout à tous pour les sauver tous,
En songeant aux quarante coups de fouet moins un qu’il reçut et aux pierres qui blessèrent son front,
En songeant aux dangers affrontés, aux efforts, aux veilles et aux jeûnes auxquels il se soumit,
En songeant à l’aplomb des apôtres, visages sereins, voix denses et promptes, face à leurs juges,
En songeant à la gueule des fauves s’ouvrant sur la paix des martyrs,
En songeant aux tortures infligées, seins coupés, chair déchirée à la tenaille, brûlures au fer rouge, broiement par la massue,
En songeant à la foule des saints et des saintes qui usèrent leur vie jusqu’à la corde à force d’aimer,
En songeant à l’univers monastique éperdu de prière et de pénitence, intercédant nuit et jour pour des âmes qui s’en moquent,
En songeant à saint François de Sales, « le plus saint des humains et le plus humain des saints », icône de l’amour de Dieu, maître de vie intérieure, poète de la Vérité,
En songeant à saint Alphonse de Liguori dont l’âme sensible et enflammée d’amour pour le Rédempteur s’était engagée par vœu à ne pas perdre une minute de son temps, et dont l’action pastorale et la création artistique et littéraire ont conduit des générations d’hommes au Salut,
En songeant à saint Louis-Marie Grignon de Montfort, missionnaire intrépide et rejeté, amoureux de Marie,
En songeant à saint Jean Bosco, au bienheureux Jacques Alberione, hommes intérieurs et d’action, pétris d’audace et de joie,
En songeant à la volonté farouche du Père Maximilien-Marie Kolbe de porter toutes les âmes au Christ en passant par Marie, quoi qu’il pût en coûter,
En songeant à leur amour commun pour la Très Sainte Vierge Immaculée, Médiatrice de toutes grâces,
En songeant aux prêtres canonisés qui célébrèrent quotidiennement le Sacrifice de la Messe, respectant les rites sacrés de la Sainte Église, les vivant intensément, les enveloppant de beauté,
En songeant à leur vie intérieure bâtie sur la prière intime, la fidélité au bréviaire et au saint rosaire,
En songeant à leur obstination à demeurer de longues heures dans le confessionnal, lavant les âmes sous l’eau vive de la grâce,
En songeant aux millions d’hommes qui meurent sans prêtre et sans la moindre prière,
En songeant aux millions de baptisés qui ne connaissent plus l’adresse du Salut,
En songeant aux millions d’enfants qui ne reçoivent plus le baptême,
En songeant à l’invisibilité des prêtres dans les rues de notre pays,
En songeant aux hommes de bonne volonté qui jamais n’entendent parler du Ciel, du Christ et de sa Mère,
En songeant aux pauvres âmes abandonnées à l’horizontalité de l’univers terrestre,
En songeant au désintérêt de la majorité des baptisés pour la messe dominicale,
En songeant aux querelles et divisions internes à l’Église qui ralentissent l’action du Saint-Esprit dans les âmes,
En songeant au désespoir qui s’étend désespérément sur une multitude de cœurs,
En songeant à la question de la fin posée par le Christ lui-même :
« Quand le Fils de l’Homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
Je prie très fort en pensant à toi et à la Très Sainte Vierge Marie qui veille avec un amour jaloux sur les êtres que son Fils appelle au sacerdoce. Si la prêtrise est ton idéal, si le désir de sauver les âmes t’étreint, si tu veux servir l’Amour Infini comme des millions de prêtres saints l’ont servi, écris-moi en toute confiance ou viens me voir. Ne laisse pas l’appel divin mourir dans ton cœur. Je t’attends comme un père.
Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine,
http://pere.michel-marie.fr/