Face à la subversion mondiale, il faut une internationale du Vrai !
C’est en réfléchissant à la politique et en étudiant les forces subversives (qui travaillent à détruire la société) que Karl Ludwig Von Haller (1768-1854) a trouvé la vraie religion.
Né dans une famille protestante suisse (fils du biologiste et poète Albrecht von Haller), Karl Ludwig (Charles-Louis) fait un voyage à Paris en 1790. Il est séduit par les idées révolutionnaires. Mais la réflexion et l’expérience l’en détournent progressivement.
Membre du Conseil de Berne, il suit de près la politique européenne et se rend fréquemment à Paris. C’est de cette ville que, le 13 avril 1820, il envoie une lettre à sa famille (à Berne, en Suisse) pour lui expliquer comment il a découvert que l’Église catholique était la vraie religion.
On peut résumer ainsi les étapes de son raisonnement :
Il existe, dans le monde, des forces organisées qui travaillent à détruire (il fait allusion à la société secrète des Illuminés de Bavière, dont les documents furent découverts en 1785).
Puisque ces sociétés mauvaises tirent leur force de leur organisation, il faut que les gens de bien, en face, soient eux aussi organisés en société.
Puisque le mal est universel (et qu’il existe des sociétés secrètes internationales), il faudrait (si c’était possible) une société universelle des gens de bien, pour défendre la famille, l’autorité, l’ordre naturel, la civilisation, etc. – Et il faudrait à cette société une autorité enseignante, gardienne de la vérité.
Mais dans l’ordre naturel des choses (auquel s’oppose la subversion), l’autorité vient d’en haut, et non d’en bas (c’est naturellement que le père a autorité sur son fils, et non par délégation de celui-ci !).
Donc, s’il faut une société universelle qui réunisse les gens de bien, elle ne peut pas venir de la base, mais seulement d’un homme absolument supérieur ayant une très forte autorité (à la fois intellectuelle et morale). – Cet homme devrait regrouper des disciples et leur transmettre une autorité fiable, pour condamner et combattre les erreurs, et une organisation efficace, qui puisse durer à travers les siècles.
Une si haute autorité peut-elle exister ? Cela semble surhumain. (En bonne logique, il faudrait une intervention divine). Pourtant, l’histoire montre que cela s’est réalisé. Un homme a eu l’autorité suffisante pour fonder une société religieuse à la fois universelle et permanente, qui a gardé son organisation pendant vingt siècles, et qui dure encore : l’Église catholique.
Car Jésus n’a pas seulement prêché, enseigné, guéri les malades et souffert sur la croix. Il a fondé une société. Il suffit, pour s’en rendre compte, de lire les Évangiles ou les épîtres de saint Paul. (Dans l’Évangile, Jésus annonce sans cesse qu’il est venu inaugurer le royaume de Dieu : royaume qui ne sera parfait que dans l’au-delà, après notre mort, mais qui existe déjà sur cette terre, sous la forme de l’Église). – Les protestants, qui refusent l’Église fondée par Jésus-Christ, sont donc dans l’erreur. C’est pourquoi Charles-Louis de Haller les quitte et rejoint la société religieuse fondée par Jésus-Christ: l’Église catholique.
Après avoir expliqué la démarche de Karl Ludwig von Haller, donnons-lui la parole. Voici un extrait de la lettre par laquelle il explique sa conversion à sa famille :
« L’étude des livres sur les sociétés secrètes et révolutionnaires de l’Allemagne, me montra l’exemple d’une association spirituelle, répandue sur tout le globe pour enseigner, maintenir et propager des principes impies et détestables, mais néanmoins devenue puissante par son organisation, l’union de ses membres et les divers moyens qu’ils ont employés pour arriver à leur but .
Et bien que ces sociétés m’inspirassent de l’horreur, elles me firent cependant sentir la nécessité d’une société religieuse contraire, d’une autorité enseignante et gardienne de la vérité, afin de mettre un frein aux écarts de la raison individuelle, de réunir les bons, et d’empêcher que les hommes ne fussent livrés à tout vent de doctrine.
Mais je ne me doutais pas encore, et je ne m’aperçus que beaucoup plus tard, que cette société existe dans l’Eglise chrétienne, universelle ou catholique l … ]. Toutes les âmes honnêtes et religieuses, même dans les confessions séparées, se rapprochent d’elle, du moins par sentiment. [ … ]
Mais ce furent surtout mes réflexions et mes études politiques qui me conduisirent peu à peu à reconnaître des vérités que j’étais loin de prévoir.
Dégoûté des fausses doctrines dominantes, et y voyant la cause de tous les maux, la pureté de mon cœur me fit toujours rechercher d’autres principes sur l’origine légitime et la nature des rapports sociaux.
Une seule idée, simple et féconde, véritablement inspirée par la grâce de Dieu, celle de partir d’en haut, de placer dans l’ordre du temps, et dans la science comme dans la nature, le père avant les enfants, le maître avant les serviteurs, le prince avant les sujets, le docteur avant les disciples, amena, de conséquences en conséquences, le plan [ … ] de ce corps de doctrine [ … ].
Je me représentai donc aussi une puissance ou autorité spirituelle préexistante, le fondateur d’une doctrine religieuse, s’agrégeant des disciples, les réunissant en société pour maintenir et propager cette doctrine, leur donnant des lois et des institutions, acquérant peu à peu des propriétés territoriales pour satisfaire aux divers besoins de cette société religieuse, pouvant même parvenir à une indépendance extérieure ou temporelle, etc.
Consultant ensuite l’histoire et l’expérience, je vis que tout cela s’était ainsi réalisé dans l’Eglise catholique; et cette seule observation m’en fit reconnaître la nécessité, la vérité, la légitimité. [ … ]
La lecture attentive et fréquente de la Bible me prouva bien plus encore que je ne m’étais pas trompé; car [ … ] je ne pus y méconnaître d’innombrables passages qui n’ont de rapport qu’à un royaume de Dieu sur la terre, c’est-à-dire une Église ou une société de fidèles, que saint Paul appelle le Corps de Jésus-Christ, ayant son chef et ses membres, destinés à maintenir et à perpétuer la religion chrétienne, à rassembler les bons, à les séparer des méchants, à les fortifier par leur réunion, etc. ; passages que nos ministres [protestants] ne citent jamais, parce que, dans le sens protestant, il est impossible de leur donner une explication simple et naturelle. »