Don Bosco, ce saint si authentiquement moderne, qui fonda à Turin, l’Oeuvre des Salésiens, un jour de mai 1862, eut un songe. Vision prophétique s’il en fut, et dont nous sommes encore aujourd’hui, les témoins de son accomplissement. Accomplissement d’ailleurs, non encore arrivé à son terme et dont le célèbre tableau ci-haut, reproduit la victoire de l’Église après un long et tragique combat.
Don Bosco vit la mer, et là, rangée en bataille, des vaisseaux innombrables remplis d’armes de toutes sortes. Cette immense armada s’apprête à livrer un assaut sans merci à un grand et majestueux vaisseaux, lequel commande à toute une flottille massée contre ses flancs.
Et la bataille navale s’engage. Or, le vent s’est levé et la tempête se déchaîne. La mer démontée favorise les assaillants.
Soudain, voici qu’apparaissent, dominant les flots en furie, deux colonnes. L’une, la plus grande, porte sur son faîte une lumineuse hostie, et sur le fût, cette inscription:
« SALUT DES CROYANTS »
L’autre où sont gravés ces mots:
« SECOURS DES CHRÉTIENS »
est surmontée d’une statue de la Vierge Immaculée, ayant un chapelet passé à son bras.
Le socle des colonnes est garni d’ancres, de crochets et de chaînes.
L’assaut tourne à l’avantage des agresseurs. C’est alors qu’apparaît à la proue du grand vaisseau l’homme qui en assume le commandement. Et c’est le Pape. D’où il devient désormais fort clair qu’il s’agit de la Nef de l’Église.
Le chef du grand Vaisseau (le Pape) convoque à son bord les capitaines des vaisseaux auxiliaires (les Évêques) afin de délibérer des décisions à prendre.
Il nous faut ici nous reporter à l’histoire. Le songe de Don Bosco est du mois de mai 1862. Or, le 6 décembre 1864, Pie IX appelle à Rome, en Concile, les évêques de la Chrétienté: et cela afin de remédier
« par un moyen extraordinaire à la détresse extraordinaire de l’Église ».
Notons, car le fait a son importance, que Pie IX fut élevé au Siège de Pierre dans l’instant même où Marie, à La Salette, venait pleurer sur les maux qui allaient s’abattre sur le monde et sur l’Église.
La tempête, un instant apaisée, se ranima plus violente, obligeant chacun des capitaines à regagner son navire.
Le 18 juillet 1870, le Concile vote la Constitution «Pastor aeternus », consacrant le dogme de l’infaillibilité pontificale. Le lendemain de ce jour éclate la guerre franco-allemande. Le 9 octobre, Rome arrachée par violence au Pape, est annexée au Royaume d’Italie. Le 20 0ctobre, le Concile n’ayant pas terminé ses travaux, est renvoyé sine die.. Et c’est ainsi que « Vatican II » devait un jour continuer « Vatican 1 ». Voyons tout cela par avance figuré dans le songe de Don Bosco.
Une accalmie se fit sur la mer et l’hostilité des ennemis parut fléchir. La grande Nef reprit sa route. Le pilote suprême en profite pour appeler de nouveau les autres pilotes à son bord.
Et ce sera le Concile Vatican II.
Mais voici, soudain, que la tempête une fois encore se déchaîne, plus violente que jamais
Ce fut d’ailleurs le Concile qui fut le prétexte (et non la cause) de la plus affreuse subversion qui se soit jamais élevée contre l’Église.
Mais les colonnes sont toujours là, dressées immobiles sur la mer en furie. Et le Pape, tenant ferme la barre, s’efforce de maintenir la Nef entre elles deux.
Or, le Navire est assailli de toutes parts et de toutes les manières. Les vaisseaux ennemis vomissent le feu de toutes les gueules de leurs canons, ou foncent sur lui, le frappant de leurs étraves cuirassées.
Don Bosco vit aussi d’autres armes, les pires peut-être : ce sont des livres, ce sont des écrits.
Pourtant, quelque acharnement qu’ils mettent en leurs assauts, et quelques très grands dommages qu’ils infligent, les efforts des ennemis ne peuvent venir à bout de la grande Nef.
D’un formidable coup de sa proue, un vaisseau des assaillants ouvre une large blessure dans le flanc de la Nef de l’Église. Mais un souffle mystérieux, venu des Colonnes, referma la brèche par où allait s’engouffrer la mer.
La confusion se met alors dans la flotte ennemie. Dans le vacarme énorme du combat, ses propres vaisseaux se heurtent entre eux, se brisent et coulent.
« L’ennemi entreprend alors sur les ponts un corps à corps furieux; les mains et les poings se tordent dans la mêlée, pendant que pleuvent blasphèmes et malédictions. »
Il semble bien qu’il faille entendre cela comme se déroulant sur le grand Navire.
« Tout à coup le Pape lui-même est frappé. Il tombe, ses sujets le relèvent; mais un deuxième coup l’abat; il est frappé à mort. Un cri de victoire retentit. Sur les vaisseaux ennemis on exulte et on danse. »
Tout ce passage du songe ne s’est pas encore réalisé, ainsi que ce qui suit.
« La mort du Pape est à peine connue que le successeur est élu. Les adversaires perdent courage. Le nouveau Pontife passe à travers tous les obstacles et conduit le Vaisseau entre les deux Colonnes, où il amarre solidement la proue à la Colonne de l’Hostie et la poupe à celle de la Vierge.
« Alors, panique générale, désordre indescriptible. Tous les ennemis se dispersent. Leurs navires se heurtent et se brisent. Ceux qui coulent tâchent de faire couler les autres. Quelques vaisseaux qui avaient lutté vaillamment, pour le pape viennent, eux aussi, s’attacher aux colonnes. D’autres qui, loin du danger, avaient attendu prudemment la victoire, suivent leur exemple.
« Sur la mer règne maintenant un grand calme. »
Le Tableau représente la fin du combat et la victoire de l’Église, gouvernée par le Pape et dont la Nef est solidement amarrée aux deux Colonnes: L’Eucharistie et la Vierge Marie. Tous les vaisseaux ennemis s’enfoncent alors en flammes dans la mer. Au premier plan, l’un d’eux, quoique à l’instant de couler, s’acharne encore. Ne serait-ce pas la fausse nef, la fausse église, celle des fausses doctrines ?Ne la voit-on pas en effet chargée de livres ? Doctrines de perdition qui s’attaquaient à la Loi et qui polluaient la Foi.
Un personnage vêtu de noir, et que l’on dirait un prêtre, ne figurerait-il pas ces théologiens destructeurs qui ont failli venir à bout de l’Église et la conduire aux abîmes ? Leur cible, comme ici le Saint, n’a-t-elle pas toujours été les pasteurs fidèles qu’ils mirent au ban de la communauté et qu’ils poursuivaient de leurs sarcasmes ? Et cet autre, l’homme rouge ? N,est pas Satan lui-même qui brandit la torche fumeuse de l’hérésie et de l’apostasie ? Qu’il crut donc bien avoir triomphé ! Après avoir expulsé Marie de l’Église il se crut enfin le maître. Il ne lui restait plus qu’à contrefaire le Sauveur et de donner aux chrétiens cette « libération » que la Révolution rouge apporta aux peuples enchaînés sous son joug.
Mais non, la Nef est toujours là, victorieuse, toutes voiles gonflées au vent de l’Esprit Saint, solidement attachée à la Colonne de l’Eucharistie et à la Colonne de Marie.
Ce sont les deux Colonnes du Temple nouveau, comme jadis les avaient, préfigurées Yâkin et Bôaz, ces deux autres colonnes dressées à l’entrée du Temple de Jérusalem. Et debout, ferme à l’avant du Vaisseau de Pierre, Pierre lui-même, Vicaire du Christ sur la terre.
Et c’est ainsi que Dieu présenta à son serviteur Don Bosco, les trois qui assurent la pureté et la pérennité de l’Église: l’Eucharistie, l’Immaculée, le Pape: les trois Blancheurs.
La victoire est donc certaine, déjà présente dans le dessein et la vision de Dieu. Mais elle n’est pas encore remportée pour nous et par nous les hommes. Et le sombre moment, celui de presque la mort, n’est pas encore venu.
Il ressort de ce songe de Don Bosco que la fidélité aux trois Blancheurs, SANS QUE L’UNE PUISSE ÊTRE DISJOINTE DES AUTRES, constitue la condition nécessaire et absolument indispensable pour se maintenir dans la fidélité à l’Église. Et que si l’une des trois fait défaut, la foi aussi défaille.
Nous comprenons mieux avec quel acharnement l’enfer travaille à détruire ces piliers de l’Église et surtout l’une d’elle, Marie surtout, celle destinée au grand combat de la fin. C’est pourquoi dans toutes ces apparitions dans le monde, elle ne cesse de démasquer l’ennemi de l’Église et des âmes.
Chers jeunes, comprenez-vous mieux maintenant l’importance de notre fidélité aux trois Blancheurs ?
Merci à Dieu et à Don Bosco, un Père et plus qu’un ami pour nous tous.
(Songe du 30 mai 1862)