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jeudi 14 novembre 2024

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Lourdes

Prier à Lourdes pour ...la conversion des musulmans

En 778, Charlemagne, lassé par la résistance opiniâtre du Seigneur sarrasin Mirât occupant la citadelle de Mirambelle (forteresse médiévale du pays de Bigorre, ancêtre du château de Lourdes : voir photo ci-dessus) s’apprête à lever le siège lorsque Turpin, évêque du Puy-en-Velay, compagnon de Charlemagne, a une inspiration et obtient l’autorisation d’aller parlementer avec l’assiégé.

Il propose à Mirât de se rendre, non pas au souverain, mais à la Reine des cieux. La proposition plaît au chef Maure qui dépose ses armes aux pieds de la Vierge noire du Puy et se fait baptiser. Le jour de son baptême, Mirât prend le nom de Lorus qui, transmis à la ville, devint plus tard Lourdes.

Lors de la reddition il est écrit que Mirât :
« ne connaît aucun mortel au-dessus de lui et préfère la mort à la honte de la capitulation ; qu’il rend les armes au serviteur de Notre-Dame, et est prêt à recevoir le baptême, à condition que son comté ne relève jamais, soit pour lui soit pour ses descendants que d’Elle seule.»
Charlemagne signe l’accord.

Le 11 février 1858, Notre Dame apparaît à Sainte Bernadette et demande à être vénérée à Lourdes. (1)
« Du 11 février au 16 juillet 1858, par dix huit fois, la Vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirous à la grotte de Massabielle. L’évêque de Tarbes et Lourdes permit le culte de Notre-Dame en ces lieux et une chapelle y fut construite. Depuis lors, des foules innombrables y viennent du monde entier. La mémoire de ces apparitions a été inscrite au calendrier romain en 1907. » (diocèse de Tarbes et Lourdes)
Chaque année, le 11 février, nous fêtons Notre Dame de Lourdes : prions pour la conversion des musulmans et le salut de la France, fille aînée de l’Église.

Voir la grotte de Lourdes en vidéo (direct)

(1) Tiré de La Vierge Marie dans l’histoire de France du Marquis de la Franquerie.

Neuvaine à Notre Dame de Lourdes

Du 2 au 10 février. Cette neuvaine permet de se préparer intérieurement à la célébration de la fête de Notre Dame du Lourdes, chaque année le 11 février (cette date est celle aussi la journée mondiale du malade créée par le pape Jean-Paul II).

Très Sainte Vierge Marie, vous qui êtes apparue à Bernadette
dans le creux du rocher, dans le froid et l’ombre de l’hiver,
vous apportiez la chaleur d’une présence, l’amitié d’un sourire,
la lumière et la beauté de la grâce.
Dans le creux de nos vies souvent obscures, dans le creux de ce monde où le Mal est puissant, apportez l’espérance, redonnez la confiance.

Vous qui avez dit à Bernadette «Je suis l’Immaculée Conception» :
venez en aide aux pécheurs que nous sommes.
Donnez-nous le courage de la conversion, l’humilité de la pénitence
et la persévérance de la prière.

Nous vous confions tous ceux que nous portons dans nos cœurs
et, particulièrement, les malades et les désespérés, vous qui êtes «Notre-Dame du Bon Secours».

Vous qui avez guidé Bernadette à la découverte de la source, guidez-nous vers Celui qui est la source de la vie éternelle, Celui qui nous a donné l’Esprit Saint pour que nous osions dire :
Notre Père qui êtes aux cieux…

1) Chaque jour, dire la prière de neuvaine + une dizaine de chapelet, suivie de ces trois invocations :

« Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous ! »
« Sainte Bernadette, priez pour nous ! »
« Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à Vous. »

2) Confession.
3) Communion le jour du 11 février (ou un jour de l’octave).

Je m'appelle Bernadette

Je m’appelle Bernadette est un film français réalisé par Jean Sagols. Il s’agit du premier long métrage de Jean Sagols, connu pour ses feuilletons télévisés (Les cœurs brûlés, avec Mireille Darc, Les filles du Lido, avec Annie Girardot, Terre indigo, avec Francis Huster, etc.). Jean Delannoy avait lui aussi réalisé un diptyque, Bernadette et La Passion de Bernadette en 1988 sur cette histoire. Ce film est consacré aux apparitions et à la vie de Sainte Bernadette. Les images, tournées essentiellement dans de vieux villages au Portugal, offrent une Bernadette de l’âge de 14 ans jusqu’à Nevers, combative, qui a dû lutter pour se faire entendre, qui a souffert, que l’on sent déterminée, avec un fort caractère. Synopsis : Entre les mois de février et juillet 1858, dans la Grotte de Massabielle, la Vierge est apparue dix-huit fois à Bernadette Soubirous, petite fille misérable de Lourdes. Une véritable « révolution » mariale qui, au cœur du Second Empire, bousculera l’ordre établi par son message universel d’amour et de prière.

Lourdes : Une nouvelle guérison "remarquable"

L’Eglise catholique a reconnu dimanche 27 mars 2011 la guérison inexpliquée d’un malade venu prier à Lourdes comme « remarquable » et pouvant représenter un don divin fait à cet homme par l’intercession de la Vierge, ont annoncé les Sanctuaires de la cité mariale. Serge François, un artisan angevin aujourd’hui à la retraite, souffrait depuis des années d’une hernie discale opérée deux fois, d’une paralysie presque totale de la jambe gauche et de douleurs vives quand, le 12 avril 2002, il s’est rendu à la grotte de Massabielle à Lourdes. Là, à l’endroit où la Vierge serait apparue à 18 reprises à Bernadette Soubirous le 11 février 1858, il a été pris d’une douleur si fulgurante qu’il a cru mourir, selon son propre récit. Au bout de quelques minutes, la souffrance a fait place à une intense sensation de bien être et de chaleur. Sa jambe a cessé de le faire souffrir et s’est ensuite progressivement ranimée. Au cours d’un nouveau pèlerinage en 2003, Serge François, réparateur de téléviseurs, a signalé sa guérison au Bureau des constatations médicales de Lourdes. Le 1er décembre 2008, après des années d’instruction de son dossier, le Comité médical international de Lourdes (CMIL), composé d’une vingtaine de médecins, a reconnu que la guérison de Serge François était remarquable parce que subite, complète, sans relation avec une quelconque thérapie, et durable. Mais c’était à l’évêque de son diocèse qu’il appartenait de se prononcer sur ce caractère « remarquable » aux yeux de l’Eglise. C’est ce que Mgr Emmanuel Delmas, évêque d’Angers, a fait dimanche. « Au nom de l’Eglise, je reconnais publiquement le caractère remarquable de la guérison dont a bénéficié Monsieur Serge François à Lourdes », dit l’évêque dans un communiqué. « Cette guérison peut être considérée comme un don personnel de Dieu pour cet homme, comme un événement de grâce, comme un signe du Christ Sauveur », dit-il. Interrogé sur les raisons pour lesquelles l’évêque et les Sanctuaires ne parlaient pas de « miracle », Alessandro de Franciscis, médecin permanent du Bureau des constatations médicales, a souligné que Mgr Emmanuel Delmas évoquait la possibilité d’un « signe », critère du « miracle ». source

Lourdes Le 66ème miracle reconnu

La guérison de Jean-Pierre Bély, infirmier à Angoulême, atteint d’une sclérose en plaque irréversible qui l’avait fait reconnaître invalide, pensionné à 100 %, a été proclamée 66e miracle officiel de Lourdes par S E Mgr Perrier, Evêque de Tarbes et de Lourdes, au début de la messe anniversaire de la première apparition, dans la basilique souterraine, le 11 février 1999.

Cette guérison, survenue le 9 octobre 1987, a été reconnue par Mgr Claude Dagens, Evêque d’Agoulême le 9 février 1999 après avis du Comité médical international. Sous un nouvel évêque qui a nommé l’an dernier un nouveau président du bureau médical permanent de Lourdes: le Dr Theillier, cette reconnaissance présente un caractère nouveau qui répond à une nouvelle mise au point des critères de guérison mieux en rapport avec les exigences nouvelles de la science et de la théologie.

Les médecins ont reconnu le caractère extraordinaire de la guérison à la majorité simple (et non à la majorité jusqu’ici requise des deux tiers). Monseigneur Dagens n’a pas prononcé le mot « miracle », mais s’est expliqué sur le fond (c’est-à-dire le con-texte spirituel qui indique une intervention surnaturelle de Dieu). Il a conclu en termes fermes et solennels : « Au nom de l’Eglise, je reconnais donc publiquement le caractère authentique de la guérison dont a bénéficié Monsieur Jean-Pierre Bély à Lourdes, est un don personnel de Dieu pour cet homme et un signe effectif du Christ Sauveur, qui s’est accompli par l’intercession de Notre-Dame de Lourdes. »

Avec les formes renouvelées qui situent mieux la reconnaissance scientifique et la reconnaissance évangélique de l’intervention divine, Lourdes prouve le mouvement en marchant: reconnaît le 66e miracle, la révision en cours des critères scientifiques et canoniques, qui sera une oeuvre de longue haleine. On sort ainsi d’une longue période de malaise et d’atermoiement qui avait contribué avec d’autres facteurs à raréfier les reconnaissances de miracles. D’autres dossiers sont en préparation ou en examen à divers stades. (R. Laurentin)

 

Voici le récit du miraculé. Témoignage de Jean-Pierre Bély « Pour bien comprendre ce qui m’est arrivé, je vais essayer d’expliquer ce qu’était ma vie avant ce pèlerinage. J’avais cinquante et un ans, marié, deux enfants : un garçon de dix-neuf ans, une fille de quinze ans. J’exerçais la profession d’infirmier et « tais responsable à l’hôpital d’Angoulême d’un service O R L et d’ophtalmologie. En 1984, je dus interrompre mon activité professionnelle, frappé de plein fouet par la maladie. En réalité, la maladie remonte à une quinzaine d’années. Cette maladie ne fut découverte qu’en 84, à la suite de plusieurs hospitalisations, et diagnostiquée comme étant une sclérose en plaques, confirmée par la suite. cette maladie détruit les gaines des nerfs et provoque des paralysies plus ou moins importantes, suivant les zones atteintes. De 1972 à 1984, plusieurs épisodes étaient venus perturber ma vie, mais, chaque fois, je récupérais, pratiquement complètement, demeurant dans un état de fatigue quasi permanent, entrecoupé de périodes de véritable et pénible abattement. En octobre 1984, à la suite d’une poussée un peu plus forte, des signes de paralysie apparurent du côté droit, nécessitant une première hospitalisation à Angoulême, puis au centre hospitalier universitaire de Poitiers pour des examens complémentaires. Les cannes anglaises ne suffisant plus, un fauteuil roulant fut loué et permit une meilleure autonomie. Dans le courant de l’été 1985, mon état s’améliora, puis une nouvelle poussée fit s’envoler tout espoir de reprise du travail et je dus à nouveau recourir au fauteuil. De nouveaux examens ne firent que confirmer la maladie. Une nouvelle amélioration me permit de partir quelques jours avec ma famille, en juillet 1986. Mais très vite, au retour, mon état s’aggrava, la marche fut quasi impossible et les déplacements très limités. Il fallut penser à réménager la maison qui n’était pas conçue pour un handicapé. Un petit ascenseur manuel fut installé et les ouvertures des portes agrandies, de façon à permettre le passage du fauteuil roulant. Je devins ainsi plus autonome. C’était d’ailleurs mon souci premier: être le plus possible autonome, de façon à ne pas dépendre de mon entourage. Je ne pouvais pas supporter que des êtres chers soient astreints à s’occuper de moi constamment.

 

En juin 1987, je passai une expertise médicale et une commission médicale, composée de plusieurs médecins, me déclara inapte à 100 %.

Une procédure de mise en retraite-invalidité fut demandée ainsi qu’une tierce personne pour assurer les gestes essentiels de la vie (manger, boire, faire la toilette). En septembre 1987, mon état s’aggrava et la position assise en fauteuil n’était plus supportable de façon permanente. Je restais alité, la plupart du temps dans le noir, ne supportant plus la lumière. Lundi 5 octobre 1987, 11 heures du matin: départ pour Lourdes. Je suis tout excité et mon coeur bat très vite.

Je suis fatigué mais joyeux. Des bras vigoureux me transportent sur une banquette un peu étroite. Il n’y avait pas de couchettes dans ce train. Quatre heures de voyage en position inconfortable, recroquevillé sur ma banquette, malgré la gentillesse des hospitalières. La pensée de Lourdes, la prière, les chants ont atténué tout cela.

Après un repas froid, vite pris, je ferme les yeux, essayant de trouver un sommeil hypothétique. A 15 heures 30, nous arrivons à Lourdes en chantant. Mercredi 7 octobre: vers 15 heures, nous nous acheminons vers l’esplanade et attendons l’arrivée du Très Saint-sacrement. Le temps est incertain, mais malgré tout, la procession a lieu dehors. Jeudi 8 octobre.

Le moment arrive ou nous allons recevoir l’Onction Sainte. Les aumôniers se dirigent vers leurs malades. Je reçois le premier de la rangée l’Onction, sur le front d’abord, puis dans les mains. Je suis très ému et je ne suis certainement pas le seul. Par cette Onction Sainte, que le Seigneur en sa grande bonté vous réconforte par la grâce de l’Esprit-saint. Ainsi, vous ayant libéré de tout pêché, qu’Il vous sauve et vous relève. Le Seigneur nous pardonne nos pêchés et nous donne la force et la mission d’utiliser cette force pour lutter contre toute forme de mal. Notre aumônier nous embrasse et nous sommes émus avec lui. Ah! si l’on pouvait exprimer tout ce qui se passe en nous durant ces instants privilégiés!

Je perçois, avec beaucoup de tendresse, que le Seigneur me pardonne toutes mes faiblesses de pauvre pêcheur. C’est alors qu’une sensation de froid s’empare de moi, alors que la température extérieure est douce. Puis, lentement, le froid diminue d’intensité pour faire place à une douce chaleur, au début. Je ferme les yeux en me disant que je vais pouvoir m’endormir. Je reste là, assis, essayant de comprendre ce qui m’est arrivé.

Je repense alors aux paroles qui m’ont été dites par cette jeune dame en blanc, le mercredi après-midi: « N’ayez pas peur, ayez confiance, Maman Marie va remettre bon ordre à tout cela. » J’en suis bouleversé. J’aurais donc envie de me lever, mais je n’ose pas. Pourquoi moi et pas mon frère, plus handicapé que moi ? Dans la nuit, je suis doucement réveillé. J’ai senti que l’on me touchait. J’en déduis que notre veilleuse hospitalière a dû vouloir me recouvrir.

Je suis parfaitement réveillé et je ne vois personne. Trois heures sonnent au clocher de la basilique. Questionnée par la suite, ma veilleuse me dit ne pas se rappeler m’avoir recouvert dans la nuit. Je commence à repenser à tous les évènements de ce pélerinage quand une idée à laquelle je ne m’attendais pas s’insinue dans mon esprit comme un ordre, une invitation: lève toi et marche! Je crois me faire des idées, et puis se lever en pleine nuit alors que je n’en ai nulle envie! L’appel revient, plus insistant, plus pressant que la première fois.

Cela me rend un peu mal à l’aise. Je me tourne, me retourne. L’appel est maintenant ferme. Ce ne sont pas des mots que j’entends, mais comme si quelqu’un me parlait sans dire de paroles. C’est difficile à expliquer! Ç Allons, lève-toi, c’est l’heure, marche! La veilleuse qui m’a entendu me tourner et me retourner s’approche de moi et me demande si j’ai besoin de quelque chose. Je lui dis qu’il faut que je me lève, et j’ajoute pour aller aux toilettes.

Elle s’apprête à m’approcher mon fauteuil roulant, mais je lui dis qu’il faut que j’y aille à pied, debout. Elle me dit que je vais tomber et elle avec. J’effectue l’aller et retour, sans problème. De retour dans mon lit, la veilleuse me quitte, et je me demande ce qui m’arrive! Je repense à tous les évènements qui maintenant s’enchaînent: l’Onction des malades, le froid et la chaleur après, la marche dans la nuit, tout cela me bouleverse! Il est évident que se rendormir après des instants pareils pose quelques problèmes. Dans mon esprit, tout se bouscule. J’ai alors recours, une fois de plus, à la Vierge Marie. Je prends mon chapelet, comme je le fais souvent avant de m’endormir, le soir. D’habitude, je m’endormais avant d’avoir fini la première dizaine. Pour moi, c’est comme si je m’endormais dans les bras de la Vierge Marie. Eh bien cette nuit-là, la dizaine est passée et le sommeil n’est pas venu! Ce rosaire entier, récité en pleine nuit, probablement pour la première fois de ma vie, était comme une action de grâces pour tant de merveilles et de tendresse! Et le matin arriva, sans que je puisse retrouver le sommeil. Ce qui s’est passé ensuite avec mon épouse et les enfants ne peut se dire. Cela se vit. »

Le rôle du médecin du sanctuaire de Lourdes François Vayne: Pour le commun des mortels, Lourdes est d’abord synonyme de miracles. Or, on n’entend plus beaucoup parler de miracles à Lourdes. Docteur Patrick Theillier: C’est, en effet, une remarque qui m’est souvent faite en tant que médecin du Sanctuaire. Seulement, je dois vous dire d’emblée que le médecin que je suis s’occupe des guérisons et non pas des miracles! Seule l’Eglise, le Magistère, décide ou non du miracle, j’y reviendrai. Mais je veux, auparavant, saisir l’occasion que vous me donnez pour préciser ce terme de « miracle ». Notre tendance naturelle est de ne voir et de ne retenir comme miracles que les phénomènes extraordinaires qui font parler d’eux. Cette attitude est encore renforcée par les médias, qui privilégient les informations sensationnelles par rapport à l’ordinaire, et en sont arrivés à récupérer le terme « miracle » pour qualifier tout évènement surprenant, insolite, formidable. Vous pourrez remarquer vous-même le nombre de miracles de plus en plus souvent relatés à tort et à travers par les médias, mêmes les mieux intentionnés, à propos de tout et de rien. Exemples: « Viagra: la pilule miracle! ». « Miracle: Clinton ne sera pas destitué », etc. Le miracle devient donc petit à petit un terme non seulement banalis », mais, pire, dévié de non sens: il ne comprend plus que la notion de prodigieux ou de magique. Cette assimilation est un piège, j’allais même dire une tentation qui nous guette tous, qu’on le veuille ou non. Relisez le paragraphe du Catéchisme de l’Eglise catholique qui parle du miracle comme signe (cf. nos 547-548-549 du C E C ci-contre): au lieu d’être signe du Royaume de Dieu, de fortifier la foi de la communauté des croyants, ces prétendus miracles ne servent plus qu’à « satisfaire la curiosité et les désirs magiques » Il est donc nécessaire d’être nous-mêmes vigilants, de ne pas parler de miracles pour les évènements qui n’en sont pas, et de risquer de faire perdre à ce terme religieux sa valeur intrinsèque de « signe du royaume de Dieu ». Le miracle signe l’intervention divine. Mais cette action de Dieu dans nos vies n’est pas facile à reconnaître parce que le plus souvent invisible, et demande un regard de foi.

C’est la foi qui nous fait croire que Dieu intervient dans nos vies. Sinon, les évènements qui nous arrivent sont dus au hasard, à la chance, aux astres, que sais-je encore. C’est donc bien par la foi qu’il y a miracle. Sans la foi, ne parlons pas de miracle! Alors, y a-t-il encore des miracles à Lourdes ? Je réponds fermement: oui, toutes sortes de miracles! On pourrait même dire qu’ici le miracle, au sens vrai du terme, est permanent: c’est tout ce poids de foi, mais aussi de dévouement, de bénévolat, de prière, de fraternité, d’amour, que je constate en ce lieu unique. Il y a de quoi s’émerveiller chaque jour! Il y a aussi toutes ces guérisons intérieures des coeurs. Tous les malades qui viennent à Lourdes dans l’espoir de guérir, ce qui est bien normal, ne repartent malheureusement pas tous guéris dans leur corps! Comme d’ailleurs, « le Christ n’a pas aboli tous les maux ici-bas » (C E C n¡ 549). Mais la plupart reviennent r »gulièrement à Lourdes! Pourquoi? Parce qu’ils vivent ici, beaucoup me l’ont confié, une expérience de transformation de leur vécu intérieur, que ce soit par rapport à la maladie, à la souffrance, à l’entourage, ou, même, dans leur relation personnelle à Dieu, ce qui n’est pas pour surprendre en ce lieu! Toutes ces guérisons sont très souvent de l’ordre du miracle, du vrai miracle! Mais il y a aussi les guérisons miraculeuses, extraordinaires? Bien sûr, car Dieu peut aussi, dans Sa souveraine liberté, modifier mme les lois habituelles de la nature et accomplir des oeuvres qui dépassent l’entendement. Ce sont, bien entendu, les guérisons apparentes, extérieures, corporelles, physiques, qui m’intéressent au premier chef, les seules que l’on puisse analyser objectivement, les invisibles restant de l’ordre du mystère intérieur à chacun.

Mais je tiens à faire plusieurs remarques à ce propos. Premièrement, dans ma vocation même de médecin, je me dois de rester accueillant à toutes les détresses, sans en exclure aucune, d’autant qu’aujourd’hui les maux physiques sont parfaitement pris en charge par la médecine, mais que beaucoup de malades parfaitement soignés souffrent plus profondément dans leur âme, et qu’ils viennent justement chercher ici, à Lourdes, un sens à leur condition de malade ou de handicapé, et un réconfort, une paix que le monde ne donne pas. Ensuite, en ce lieu religieux, ce serait paradoxal de ne pas considérer le versant spirituel des guérisons miraculeuses sous prétexte qu’on est médecin, et donc des scientifiques purs et durs qui n’avons pas à nous mêler de spirituel.

De là, le développement de la médecine psychosomatique a ouvert aux médecins toute cette dimension psychique qu’il n’est plus pensable aujourd’hui de séparer du physique. Mais il y a plus encore c’est la dimension spirituelle qui existe en tout homme.

La personne, au sens plein du terme, au sens philosophique si vous voulez, est une unité corps-psychisme-esprit, l’esprit (ou le coeur, au sens biblique du terme et non anatomique) étant le lieu de l’habitation de l’Esprit en chacun de nous. Ces dernières années, avec les immenses progrès de la médecine et les pouvoirs de plus en plus étendus des médecins, s’est développée ce qu’on a appelé l’éthique. Qu’est-ce que l’éthique, sinon la prise en considération des implications autres qu’uniquement physiques intervenant sur la personne humaine? La dimension religieuse et spirituelle étant inhérente à tout humain, et les guérisons survenant ici atteignant la totalité de la personne, il serait aberrant que le médecin permanent du Sanctuaire de Lourdes ne la prenne pas en considération et ne se contente que d’envisager le côté rationnel. Tous les médecins, même incroyants, peuvent-ils reconnaître ces guérisons extraordinaires? Bien entendu, tout médecin de bonne foi est toujours invité à participer à l’examen des malades se disant guéris pour donner son avis médical. C’est la tradition à Lourdes: elle ne change pas. Cependant, comme nous le disions, la guérison physique n’est qu’une partie de la guérison, la partie visible de l’iceberg, si vous voulez. En rester à ne considérer que ce versant extérieur de la guérison n’est pas suffisant dans la religiosité ambiante actuelle où l’on mélange tout, aussi bien ce qui vient de Dieu que ce qui vient du mal (cf. les sectes). Il faut savoir que l’on parle aujourd’hui de toutes sortes de guérisons qui ne sont pas forcément d’origine divine. Il y a un discernement premier à effectuer. Comment peut-on définir ces miracles de guérisons? Par les deux versants d’un fait prodigieux religieux: le fait anormal et le signe. Le fait anormal c’est le phénomène de la guérison lui-mùeme, qui se caractérise par le fait qu’il est en contradiction avec l’évolution habituelle des maladies, s’effectuant donc selon des modalités extraordinaires et imprévisibles. Le signe, c’est le fait que le bénéficiaire ou son entourage y voit une signification spirituelle, les invitant à croire en l’intervention spéciale de Dieu par l’intermédiaire de Notre-Dame de Lourdes (pour ce qui est des guérisons de Lourdes). Il est nécessaire de toujours garder à l’esprit ces deux composantes: le fait anormal et le signe, en les distinguant mais sans les séparer. La raison et la foi, notre Pape nous l’a encore rappelé avec force dans sa dernière encyclique Fides et Ratio, ne sont pas à opposer: « Elles sont les deux ailes qui permettent à l’Esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité », dit-il magnifiquement, si ma mémoire est bonne. Ce qui ne veut pas dire les confondre, car elles ont chacune leur loi, leur ordre.

En fait, quelle est la mission du médecin du Bureau médical du Sanctuaire ? Vous avez raison de parler de mission dans la mesure où elle lui est conférée par l’Eglise, en l’occurrence l’évêque de Tarbes-Lourdes, Mgr Jacques Perrier. De ce fait, en prenant cette charge, je me suis dit que le mieux était de me référer à l’intervention du Saint-Père au Comité médical international en 1988 au Vatican, telle qu’elle est reproduite ci-contre. Elle précise deux points importants: – le médecin apporte son concours selon son propre degré de compétence: il utilise sa formation et son expérience en tant qu’homme de science et d’art, ce qui caractérise classiquement le médecin; – le médecin se doit de respecter l’ordre de la foi: il n’a pas à annexer complètement le phénomène « guérison » dans l’ordre scientifique. Sa mission est donc bien un service d’Eglise pour une collaboration médico-pastorale en vue du discernement des guérisons miraculeuses. Devant une guérison inattendue, il est devenu indispensable de tenir ensemble ces deux approches d’une seule et même réalité. Cela amène à une enquête conjointe à deux volets, médical et pastoral, portant donc à la fois sur l’évènement anormal et sur le signe. Très concrètement, quel est le rôle même du Bureau médical ? Imaginons qu’au cours d’un pèlerinage à Lourdes (ou en priant Notre-Dame de Lourdes), quelqu’un estime avoir vécu une guérison et veuille en témoigner, ce qui est tout à son honneur. La première fonction du Bureau médical consiste bien sûr, en priorité, à recevoir cette déposition, d’elle-même ou de son entourage, par oral ou par écrit. A partir de là, son rôle est d’authentifier les guérisons, c’est-à-dire de constater et de vérifier toutes les déclarations de guérison qui sont portées à sa connaissance. Ce qui veut dire réaliser, avec la rigueur scientifique la plus actuelle, un diagnostic médical classique qui apporte la garantie qu’il y a bien passage d’un état pathologique à un état de santé. Le but est de s’assurer qu’il s’agit bien d’une véritable guérison: c’est indispensable pour tous, car vous savez bien que l’on peut se tromper ou s’illusionner, même en toute bonne foi. Or, nous ne pouvons retenir que des guérisons objectives, sérieuses, vérifiées, en restant toujours prudents sans être timorés, et confiants sans tomber dans la crédulité.

Ce temps est essentiel et nécessaire; on peut dire qu’il est vraiment fondamental, au sens précis du terme: c’est la fondation sur laquelle on pourra construire toutes les étapes du discernement dont nous venons de parler plut haut, à bon escient et sans risque de se tromper. Pour cela, mon travail va être d’interroger et d’examiner le patient, de me mettre en contact avec le médecin de pèlerinage qui l’accompagne (s’il fait partie d’un pèlerinage) et avec son médecin traitant. Puis, de rassembler tous les documents médicaux possibles existant avant la guérison alléguée. Enfin, de revoir cette personne, en général l’année suivante, avec des documents actuels, après la guérison, permettant de procéder à une étude comparative collégiale avec les médecins présents à ce moment-là à Lourdes et qui souhaitent participer à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler un « Bureau médical ».

Quels sont les cas retenus pour une proclamation de miracle? Seuls les cas vraiment exceptionnels peuvent être suffisamment documentés. Ils sont présentés à une instance médicale supérieure, fondée en 1947, le Comité médical international de Lourdes, constitué de professeurs des hôpitaux, qui diligente une expertise par l’un des leurs, spécialiste de la maladie guérie, et qui va émettre un avis consultatif. C’est finalement l’évêque du diocèse d’où vient le guéri qui prendra la décision de proclamer le miracle après avoir réuni une commission canonique toujours nécessaire à ce jour. Vous comprenez que pour en arriver là, il faut du temps! Votre conviction, en forme de conclusion? Je voudrais surtout vous redire ma conviction qu’à la veille du troisième millénaire, grâce d’abord à l’intercession de la Vierge Marie pour nous, et par la foi qui se vit ici en actes, Lourdes est et restera un lieu permanent de restauration de la personne, dont nous avons tous tant besoin, un lieu de guérison.