Mémoire d'une tragédie pour les sapeurs-pompiers de Paris.
» Sauver ou Périr » : La devise perpétuelle des sapeurs -pompiers de Paris…
14 Septembre 2002 – il y a 20 ans aujourd’hui – la sonnerie déchire le silence de la caserne Champerret. C’est la première intervention pour feu de Benoit Larminier. Ce sera sa dernière. Quelques minutes plus tard, leur zèle interventionniste pousse les 3 sapeurs du premier secours incendie au 5ème étage du 43 rue sainte Foy à Neuilly sur Seine. Une chambre brûle. Il est 19h15. Mais à peine parvenus à l’étage sinistré, un ‘flash-over‘, phénomène thermique peu connu à l’époque, arrache la vie à ces 3 hommes du feu.
Les trois professionnels sont brûlés dans un four à 1000 degrés. Deux sapeurs sont alors envoyés en équipe de renfort, présumant un problème opérationnel. Un deuxième ‘flash-over’ tue le binôme. Deux bruits sourds, deux coups de trop, irrémédiables. Le trottoir de la rue sainte Foy se change en vallée de larmes, une vallée où roulent 5 casques brûlés, 5 cuirs cendrés. »Cinq mecs à terre » hurle un gars en déroute au milieu des massages cardiaques.
Auprès des secouristes, un médecin militaire lève les bras au ciel en voyant l’aumônier catholique de la brigade bénir les agonisants : » Abbouna !! ». Et puis c’est l’arrivée du ministre Sarkozy, la valse des colonels et des autorités. Phares de la police et gyrophares des ambulances de réanimation colorient cette soirée infernale, la pire de cette plus grosse unité militaire française, depuis la seconde guerre mondiale.
Dans une ambulance à part, l’adjudant-chef R… est en larmes. L’intervention reposait sur sa responsabilité. Il pose sa tête sur l’épaule du prêtre qui lui prend les mains et lui parle dans un souffle de chagrin : » ils sont entrés dans la lumière de Dieu ». Le sous-officier est effondré : ‘‘ c’est trop dur mon père, ils étaient comme mes gamins !! ».
Les corps de Benoit, Thomas, Mathieu, Romuald et Gwénael reposent ce soir du 14 Septembre au dépôt mortuaire de l’hôpital Percy à Clamart. Cinq victimes du devoir accompli, fauchés en service commandé, entre 19 et 26 ans. » Putain de devise’‘ murmure un jeune pompier abattu.
Un officier lui sourit et lui murmure ce chant composé par un adjudant-chef de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris : ‘‘ Mon Dieu donne-moi la force de tenir une main ou d’affronter encore un regard qui s’éteint… Mon Dieu ma sirène résonne comme un pardon ».
Nous sommes le soir du 14 Septembre 2002, le soir de la fête liturgique de la Croix glorieuse. Tout est dit. Demain les parents de ces jeunes se lèveront chargés d’une lourde croix. Nous serons le 15 Septembre, jour de la fête liturgique de Notre Dame des douleurs.
In memoriam.
Priez pour eux.
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