Le pardon mais pas l'oubli

La Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 avait comme dessein de nationaliser l’Église catholique en France et de soumettre les prêtres à l’autorité du pouvoir civil. Cela visait à éliminer le pouvoir spirituel et temporel de l’Église.

Six mois plus tard, le décret sur le serment des prêtres de l’Assemblée Nationale constituante (présidée par Honoré Mirabeau) en 1791, a accentué les tensions causées par la Constitution Civile du Clergé en exigeant que les prêtres affirment leur loyauté à la Révolution française et à ses principes, et qu’ils prêtent serment à la Constitution. 

La moitié des prêtres ont refusé de prêter serment, ce qui a entraîné leur remplacement par des prêtres soutenant la Révolution française. Cela a accru la division entre la Révolution et l’Église catholique en France.

Ce serment  imposait aux  prêtres un acte de soumission, et provoqua une première violence faite aux consciences : les contraindre à adhérer officiellement à un serment, à un bouleversement révolutionnaire auquel ils ne croyaient pas. Des messes secrètes s’organisent alors que les persécutions s’aggrave, les prêtres trouvent refuge dans les familles. C’est une résistance toute simple contre les  violences, et les persécutions.  

Les guerres de Vendée qui s’en suivent ont duré quatre ans, de 1793 à 1796 et ont causé 200.000 morts. 

Les chefs Vendéens

François Athanase Charette de La Contrie (1763-1796)
Henri du Vergier de La Rochejaquelein (1772-1794)
Jacques Cathelineau (1759-1793)
Louis de Salgues de Lescure (1766-1793)

"Il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin du mois d'octobre"

Le génocide Vendéen

En 1793 les autorités révolutionnaires créèrent des tribunaux populaires pour juger les Vendéens suspects de contre-révolution en les accusant de crimes politiques. On passe ainsi d’une guerre civile à un véritable génocide.

Jean-Baptiste Carrier, responsable de plus de 8.000 morts par noyade à Nantes. De véritables exécutions massives perpétrées par les révolutionnaires français à Nantes durant la Terreur (1793-1794).

Les victimes étaient souvent jetées à la mer depuis des barges pour y être noyées. Cette méthode de mise à mort fut  particulièrement cruelle et inhumaine. 

Les noyades dans la Loire à Nantes étaient une autre méthode utilisée par les révolutionnaires pour exécuter les prisonniers politiques et les accusés de crimes contre la Révolution française. Les victimes étaient jetées dans la rivière avec des poids attachés à leurs corps pour les faire couler. Les noyades étaient considérées comme un moyen rapide et efficace d’exécuter un grand nombre de personnes à la fois.

Adrien-Louis-Joseph Carré (1908-1999), Médecin général.

 » faute de vouloir expliquer pourquoi l’Ouest, tout particulièrement la Vendée, était si religieux, une certaine sociologie chercha à éluder le problème en le supprimant… Alors que la motivation première des vendéens était ‘Dieu premier servi’.  »
 
Nul ne peut mettre en doute la terreur qui sévit en Vendée pendant le premier semestre 1794. Les vendéens avaient autre chose après la guerre que d’épiloguer sur une évidence. Avant 1980 on avait peu osé prononcer des mots comme génocide, populicide ou massacres en séries.
Le mot génocide fit explosion dans toute la Vendée et dans le monde universitaire à partir de deux thèses dont celle de Reynald Sécher ‘ le génocide franco-français ‘ (thèse d’état 1985). Ce fut un tollé quasi général, le mot génocide étant en effet par définition la destruction d’une race. Or les vendéens ne sont pas une race mais des français (même si les révolutionnaires parlaient de la race vendéenne). Le jury de la thèse composé de 7 membres se déclara unanimement solidaire des conclusions de R.Sécher. 
 
Reynald Sécher s’était inspiré, en fait, du médecin général Adrien Carré qui avait lui-même employé ce terme, le premier, en 1969, le définissant comme  »une extermination systématique, en dehors de tout combat, de non combattants, femmes et enfants compris, sur ordre supérieur‘. Le général historien tint bon en ajoutant  »il y a des massacres qui ne sont pas de génocides mais il n’y a évidemment pas de génocides sans massacres ».  Enfin le docteur Carré ajouta  » ce qui définit le génocide Vendéen, c’est l’extermination, décidée au plus haut niveau, de toute la population d’un pays donné, âge, sexe, et opinions confondues ». 
 
Le docteur Carré réfute virulemment l’argument qu’un génocide ne peut pas être franco-français : «  Et au Cambodge, il n’y a pas eu de génocide ? C’est une plaisanterie ? Les atrocités du génocide Khmer rouge avec Pol Pot ont certes mis 40 ans à s’appeler génocide Cambodgien mais il s’agit bien d’un problème cambodgien interne avec massacres commis contre des minorités ethniques et religieuses. Et le génocide Tsoungare par l’empereur de Chine en 1757, personne n’est venu me dire que le terme n’existait pas ! »
 
Cela n’empêcha pas la polémique haineuse, de Max Gallo notamment, raison pour laquelle le médecin général Carré écrivit, en 1993, en un style peut être un peu trop virulent un article intitulé « la guerre du génocide« .
 
La guerre du mot dura plusieurs années. Elle s’estompa lors de la parution du 3ème livre de R.Sécher, sur Gracchus Babeuf (spécialiste du droit féodal sous la révolution), montrant que ce dernier avait publié des 1795 un ouvrage sur le  » populicide de la Vendée ».
 
Médecin général Adrien Carré
 
Le docteur Carré écrit que « les idées développées par la philosophie des lumières ont abouti directement à la Révolution. Cette philosophie s’oppose au christianisme car elle refuse toute idée de Révélation. La révolution a entrainé l’article 10 de la fameuse déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (qui, en réalité n’est que la déclaration des droits de la Loi).  Mirabeau avait vu clair dans cet article 10 de la déclaration des droits de l’Homme : «  Cet article 10 permet, par une loi appropriée, de supprimer donc d’interdire, l’exercice de toute religion même catholique. »
 
le Docteur Carré avait publié en 1983 un commentaire sur la thèse de R.Sécher où il démontre « le massacre à la chapelle basse-mer, du quart de la population, femmes et enfants, dans des conditions atroces, et de la destruction de la moitié du capital immobilier« . Il n’oublia jamais de rétablir la vérité lors de nombreuses conférences et en discuta avec Léon Zitrone à la radio.
 
Le médecin général Carré note l’effroyable et désastreux bilan de la révolution avec un coût humain de 2 millions et demi de morts sur 27 millions d’habitants. Il ajoute à cela le désastre du bilan agricole, médical et industriel.
 
Le souvenir Vendée est fier de son travail et de sa victoire car, parler de génocide Vendée de nos jours dans la région Vendée ne pose plus d’inconvénient sémantique et on le doit en grande partie au médecin général Adrien Carré qui a lutté contre les idées toutes faites et un mécanisme mentale établi.
 
Source : mémoires du souvenir Vendée/ archives service historique de la marine
Général Carré +1999 a été président Nantes du souvenir Vendée de 1972 à 1992

SYNOPSIS du film Vaincre ou mourrir » (janvier 2023)

1793. Voilà trois ans que Charette, ancien officier de la Marine Royale, s’est retiré chez lui en Vendée. Dans le pays, les promesses de la Révolution française laissent place à la désillusion. La colère des paysans gronde : ils font appel au jeune retraité pour prendre le commandement de la rébellion. En quelques mois, le marin désœuvré devient un chef charismatique et un fin stratège, entraînant à sa suite paysans, femmes, vieillards et enfants, dont il fait une armée redoutable car insaisissable. Le combat pour la liberté ne fait que commencer…

Le boucher des Vendéens

Lettre adressée au Comité de Salut Public par François-Joseph Westermann, « le boucher des Vendéens » :

« Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. (…) Mes hussards ont tous à la queue de leurs chevaux des lambeaux d’étendards brigands. Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que, sur plusieurs endroits, ils font pyramides. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. Kléber et Marceau ne sont pas là. Nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté et la pitié n’est pas révolutionnaire. »

Bonchamps (1759-1793) obtient la libération de 5000 détenus des insurgés vendéens. Il meurt de ses blessures à Cholets, dont la victoire est remportée par Kleber et Marceau. 

Guerres de Vendée : Entretien avec l'historien Reynald Secher

Vaincre ou Mourir : Entretien avec l’historien Reynald Secher (Agence Bretagne Presse)